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Titre Formation des stéréotypes du Juif
Auteur Jean Caune
Mir@bel Revue Hermès (Cognition, Communication, Politique)
Numéro no 83, 2019/1 Les stéréotypes, encore et toujours
Rubrique / Thématique
Partie II. Construction et circulation des stéréotypes
Page 145-152
Résumé Mon propos vise à indiquer comment des textes de la littérature, des récits de fiction ou encore des histoires drôles, et moins drôles, ont pu jouer une fonction structurante des différents stéréotypes du Juif développés au cours du xxe siècle. Ce stéréotype s'est progressivement construit dans une histoire et un cadre économique, politique, culturel. Mon approche est de nature communicationnelle : elle relève d'une pragmatique de l'énonciation.Dans ses usages – ses figures et son inscription dans les discours –, le stéréotype du Juif tire une grande partie de ses contenus de la judéophobie qui se singularise par sa persistance dans l'Histoire. Une des premières singularités de ce stéréotype est que la notion de Juif – qu'elle désigne une religion ou plus largement une communauté (un peuple ?) – est problématique. Elle ne va pas de soi. L'énonciation du stéréotype (l'acte de parole) assigne l'autre à une catégorie : elle le renvoie à sa pseudo-nature. La pensée stéréotypée est une « fausse conscience » qui réifie, décontextualise et essentialise. Dans la mesure où l'antisémitisme catalogue et assigne une nature à l'homme juif, il le fige dans ses rapports aux autres. Ce qui pouvait être considéré comme une opinion relève d'une idéologie mortifère dont la fonction est d'assujettir des individus concrets.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais My article seeks to indicate how literary texts, fictional narratives, and humorous (or not so humorous) stories were able to play a role in structuring the different stereotypes of Jews that emerged in the course of the twentieth century. This stereotype was gradually constructed at a historical time and in an economic, political, and cultural context. My approach is communicational in nature and involves a pragmatics of the speech act.In its uses – its figures and its inscription in discourse – the stereotype of the Jew draws much of its content from Judeophobia, whose singularity is its ability to persist throughout History. One of the first specific aspects of this stereotype is that the notion of “the Jew” – whether this term designates a religion or, more broadly, a community (or a people ?) – is problematic. It is not self-evident. Stating the stereotype (a speech act) assigns the other to a category : it refers to this other's pseudo-nature. Stereotypical thinking is a “false consciousness” that reifies, decontextualizes and essentializes. To the extent that anti-Semitism catalogues Jewish people and assigns a nature to them, it freezes them in their relation to others. What might have been considered as an opinion is part of a deadly ideology, the function of which is to subjugate actual, concrete individuals.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HERM_083_0145