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Titre Le sort contre l'État ? La vocation des magistratures urbaines françaises au XVIIe siècle
Auteur Yann Lignereux
Mir@bel Revue Participations
Numéro Hors série, 2019 Tirage au sort et démocratie
Rubrique / Thématique
II. Le monde médiéval et le monde moderne
Page 233-250
Résumé À la fin de plus de quarante ans de troubles civils et religieux, les villes françaises connaissent, au XVIIe siècle, un processus de forte subordination monarchique dont les ressorts sont liés autant aux exigences de la pacification religieuse et de la normalisation politico-sociale absolutistes qu'à l'efficacité et l'extension de la perception fiscale de la monarchie administrative. Son instrument principal est constitué par le contrôle, sous les premiers rois bourbons, des gouvernements urbains dont ils s'assurent l'obéissance et la fidélité en intervenant à différents niveaux des processus édilitaires. Par le recours au sort dans la désignation des principaux magistrats urbains – qu'il soit le fait d'un véritable tirage au sort ou qu'il soit célébré dans l'appareil rhétorique municipal –, plusieurs villes, comme Lyon et Marseille, s'efforcent d'aménager les termes de cette subordination étatique en définissant une autonomie du politique déliée des mécanismes sociaux et financiers assurant l'efficacité de cette dernière. Dans le champ d'une expérience historique d'une génération environ (les années 1630-1660), un modus operandi de la représentation politique urbaine est alors défini que peuvent éclairer les évolutions dramaturgiques immédiatement contemporaines. Une autonomie dont il faudra interroger cependant les finalités exactes qui pourraient, dès lors, être moins celles visant à préserver l'indépendance des villes des appétits monarchiques qu'une ingéniosité institutionnelle et arithmétique chargée d'assurer la satiété de puissance de certains clans édilitaires à l'exclusion de tout autre compétiteur local.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais After forty years of civil and religious unrest, French towns lost their privileges as the administrative monarchy's power intensified in the seventeenth century. This authoritarian drift came about as a result of both the demands of absolutist religious pacification and political and social normalization. Its main instrument was the control, under the first Bourbon kings, of the urban governments, whose obedience and fidelity they could be assured of by intervening at different levels of the process of maintaining public buildings. Through the use of lots in the designation of the principal urban magistrates—whether it was the fact of a real draw or to be celebrated in the municipal rhetorical apparatus—several cities, such as Lyon and Marseille, strove to adapt the terms of this state subordination by defining a policy autonomy free of the existing social and financial mechanisms. In the context of the historical experience of a generation (1630-1660), a modus operandi for urban political representation—which could explain immediately contemporary dramaturgical evolutions—was thus defined. This autonomy, however, must be examined in connection with its exact purposes, which could be less directed towards preserving the independence of towns from monarchic appetites than towards an institutional and arithmetical ingenuity attempting to ensure the satiety of power of certain clans involved in the maintenance of public buildings.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PARTI_HS01_0233