Titre | Le tirage au sort démocratise-t-il la démocratie ? Ou comment la démocratie délibérative a dépolitisé une proposition radicale | |
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Auteur | Julien Talpin | |
Revue | Participations | |
Numéro | Hors série, 2019 Tirage au sort et démocratie | |
Rubrique / Thématique | IV. Le monde contemporain |
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Page | 453-473 | |
Résumé |
Le retour du tirage au sort en politique depuis quarante ans tient beaucoup à son appropriation par les théories de la démocratie délibérative, qui ont fait de dispositifs tirés au sort les espaces centraux de la délibération démocratique. Cette appropriation n'avait pourtant rien d'évident. Elle tient à la trajectoire scientifique de certains de ses promoteurs et à des évolutions parallèles au sein du champ politique. En dépit du vent de fraîcheur qu'elle fait souffler sur le gouvernement représentatif, la promotion scientifique du tirage au sort ne s'est pas nécessairement traduite par une démocratisation de la démocratie. Si ces expérimentations contribuent à démontrer les capacités délibératives des citoyens ordinaires, elles n'ont qu'exceptionnellement contribué à accroître leur pouvoir dans la prise de décision. La focalisation des recherches sur l'analyse des dynamiques délibératives au sein des dispositifs tirés au sort a dès lors été fortement critiquée par des théoriciens revendiquant un retour à l'inspiration habermasienne initiale d'une plus grande délibération dans l'espace public, et non au sein de mini-publics. Ce tournant systémique a marginalisé le tirage au sort au sein de la théorie délibérative la plus récente. Après avoir retracé ce cheminement intellectuel, nous voudrions esquisser quelques pistes de réflexion sur la façon dont le tirage au sort pourrait contribuer à ranimer la flamme critique de la théorie délibérative, via son usage oppositionnel par les mouvements sociaux. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Random selection's grand come-back in politics over the last forty years is partly due to its incorporation by the theories of deliberative democracy, which have turned randomly selected devices into the central forums of deliberation. This integration was, however, far from being self-evident. It stemmed from the scientific trajectory of its proponents and from parallel trends in the political field. Despite the breath of fresh air that random selection brings to representative government, its scientific promotion has not necessarily meant a democratization of democracy. While such experiments have demonstrated the deliberative capacities of ordinary citizens, they have only exceptionally increased their power in decision-making processes. The focus placed by research on the analysis of deliberative dynamics within randomly selected devices has therefore been harshly criticized by some deliberativists who are calling for a return to Habermas's initial inspiration of a greater deliberation in the public sphere rather than confined to mini-publics. This systemic turn has marginalized random selection within the most recent deliberative theories. After tracing back this intellectual path, I sketch some arguments about the way random selection could rekindle the critical spirit of deliberative theory, mainly through its oppositional use by social movements. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PARTI_HS01_0453 |