Contenu de l'article

Titre L'enfant tirant au sort : la « formule de pathos » du hasard en politique ?
Auteur Yves Sintomer
Mir@bel Revue Participations
Numéro Hors série, 2019 Tirage au sort et démocratie
Rubrique / Thématique
V. Postface
Page 475-511
Résumé Cet article a recours au concept de « formule de pathos », tel que défini par Aby Warburg (une tension entre une forme et une substance émotionnelle) pour souligner certains points communs entre des pratiques très diverses de sélection aléatoire. L'enfant tirant les sorts peut être considéré comme une « formule de pathos » que l'on retrouve dans quatre ensembles majeurs de pratiques : des formes populaires païennes de divination, leur christianisation dans les « sorts bibliques » et l'élection du pope de l'Église copte, le tirage au sort politique (essentiellement du XIIIe au début du XIXe siècle), et enfin, les jeux de hasard. L'identification de cette formule de pathos rend possible la découverte d'une série de transferts entre ces différentes pratiques, où le tirage au sort politique a joué un rôle particulièrement notable. Cette formule de pathos nous dit également quelque chose de plus général : même si le tirage au sort a soutenu des logiques très différentes au cours de l'histoire, la logique de l'impartialité, telle qu'elle se révèle dans la figure de l'enfant tirant au sort, semble le trait le plus transversal et se retrouve dans presque tous les exemples empiriques de sélection aléatoire en politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article makes use of the concept of “pathos formula,” as defined by Aby Warburg (a tension between a form and an emotional substance), to underline some commonalities between quite different practices of random selection. The child drawing lots can be considered as a pathos formula that one finds in four major sets of practices: popular divination, the Christianization of these pagan traditions into the practice of “biblical lots” and in the election of the pope of the Coptic Church, political sortition (essentially from the thirteenth century to the beginning of the nineteenth century), and finally, games of chance. The identification of this pathos formula makes it possible to discover a handful of transfers that have occurred between these various practices, with political sortition playing a crucial role. This pathos formula tells us something more general: although selection by lot has sustained quite different logics in history, the logic of impartiality, as revealed by the particular figure of the child drawing lots, seems the most transversal trait in almost all empirical examples of random selection in politics.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PARTI_HS01_0475