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Titre Bagnards, « arabes » et porte-clefs en Guyane : Naissance et usages d'un rôle pénal et colonial (1869-1938)
Auteur Marine Coquet
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 20, 2019 Dossier : L'inévitable prison
Rubrique / Thématique
L'inévitable prison
 Prisons algériennes
Page 77-92
Résumé Loin d'être constituée de membres également traités d'une catégorie homogène, l'entité « bagnard » est morcelée selon des catégorisations administratives qui organisent les relations sociales dans et hors les murs des camps. Parmi ces leviers, celui de la « race » est encore peu étudié. Or, selon les années, entre 20 % et 60 % des bagnards transportés en Guyane viennent des colonies du Maghreb et sont catégorisés parmi les « Arabes ». Sur la base des statistiques enregistrées à des fins organisationnelles par l'administration pénitentiaire, il est possible de rendre compte de l'ampleur de la transportation des « Arabes » en Guyane. Croisées aux publications d'époque et à la correspondance de l'administration pénitentiaire avec le ministère des Colonies, ces données chiffrées mettent en perspective les effets de cette typologie pénale sur les relations entre les transportés. Dans les écrits des contemporains, bagnards, journalistes ou médecins, les « Arabes » apparaissent tout particulièrement lorsqu'ils endossent le rôle d'aide-surveillants. « Bagnard », « arabe », et « porte-clefs » : dans une telle configuration punitive, se structure une situation singulière qui semble, a priori, pouvoir ébranler la hiérarchie des « races » communément admise en métropole. C'est à travers cette figure du bagnard « arabe » et porte-clefs que cette contribution se propose de questionner l'organisation sociale des bagnes guyanais.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Far from constituting a homogeneous category, the entity of the “convict” is fragmented according to administrative categorizations which organize social relations inside and outside camp walls. One such category, based on “race,” remains understudied. Depending on the year, between 20% and 60% of convicts transported to French Guiana were from France's North African colonies and categorized as “Arabs.” Statistics recorded for organizational purposes by the penal administration make possible a study of “Arabs” in French Guiana. Cross-checked with publications from the period and administrative correspondence between penitentiary and Colonial Office, these figures put into perspective the effects of penal typologies on relations among the transported convicts. In contemporary writings by convicts, journalists or doctors, the “Arabs” appear especially when they assumed a role assisting prison guards. The punitive configuration of “convict,” “Arab”, and porte-clefs structured a unique situation that seems, a priori, to undermine the hierarchy of “races” commonly accepted in France. Through the figure of the “Arab” convict and the porte-clefs, this contribution interrogates the social organization of Guyanese bagnards.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/anneemaghreb/4569