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Titre La technique : promesse, mirage et fatalité
Auteur Daniel Compagnon, Arnaud Saint-Martin
Mir@bel Revue Socio
Numéro no 12, 2019 La technique y pourvoira !
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 7-25
Résumé En ce début de XXIe siècle, l'espace public et médiatique foisonne de discours et de prophéties sur l'innovation technique qui promettent un monde meilleur sinon le « meilleur des mondes », dans un écho lointain à cette idéologie du progrès qui triomphait sous les Trente Glorieuses et que l'on croyait à jamais ensevelie sous l'avalanche des critiques du dernier quart du XXe siècle. La liste s'allonge tous les jours depuis les multiples perfectionnements de la micro-informatique, désormais intimement associée à Internet et à la communication multisupport, jusqu'à l'intelligence artificielle et la robotique, en passant par la géo-ingénierie, la chimie verte, les applications des neurosciences, des technologies satellites, de la thérapie génique ou la biologie de synthèse. Malgré leur diversité de forme et d'ambition, par leur seule répétition amplifiée par le « buzz » médiatique et la dramaturgie des « démos », ces promesses instillent quotidiennement l'évidence de l'avènement de futurs technicisés, présentés à la fois comme inévitables et désirables. Ces promesses en cascade attestent d'une nouvelle accélération du développement technique qui affecte toute la vie sociale, dans une nouvelle phase de son histoire où les différents champs scientifiques se combinent en abolissant les frontières disciplinaires. Elles révèlent également la force d'un conditionnement culturel qui nous conduit à croire, en abdiquant souvent tout esprit critique, au miracle technologique toujours recommencé. Si bien que, dans cette effervescence techno-futuriste, l'on finit par les prendre « pour argent comptant », y compris lorsque le développement des innovations annoncées est embryonnaire ou hypothétique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais At the start of the 21st century, the public and newsworthy domain is filled with speeches and prophecies about technical innovation with the promise of a better world if not “the best of all possible worlds”, in a distant echo of this ideology of progress which reigned triumphant in the thirty-year post-war boom (“Trente Glorieuses”) which were presumed to have been buried under the avalanche of criticism in the final quarter of the 20th century. The list gets longer every day with the numerous improvements in micro-computing, now closely associated with Internet and multi-support communication, from artificial intelligence to robots, and their evolution to geo-engineering, green chemistry, new areas in the neuro-sciences, satellite technologies, gene therapy or the biology of synthesis. Despite their diversity in form and scope, these promises – if only due to the amplification of their repetition by the buzz in the media and the performances of the “demos” – are a daily reminder of the advent of technical futures, presented as both inevitable and desirable. This cascade of promises is evidence of a new acceleration in technical development which has an effect on all social life, in a new phase in its history, in which different scientific fields are combined, ending the boundaries between disciplines. They also reveal the strength of a cultural conditioning which leads us to believe, often in the total abandonment of any critical judgement, in the constant renaissance of the technological miracle. So much so, that in this techno-futurist effervescence, we end up by taking this for the “real thing” even when the development of the innovations is merely embryonic or hypothetical.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/socio/4401