Titre | Faire réagir les témoins face au harcèlement de rue. Enquête sociologique sur la politisation des rapports de genre dans l'espace public | |
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Auteur | Mischa Dekker | |
Revue | Politix | |
Numéro | vol. 32, no 125, 2019 Le politique au coin de la rue | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Le politique au coin de la rue |
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Page | 87-108 | |
Résumé |
Dans les récentes campagnes de sensibilisation contre le harcèlement de rue, la critique des témoins, qualifiés de passifs, est constante. On retrouve souvent l'image d'un.e passant.e apathique, qui serait indifférent.e à l'agression, et on présente souvent la non-intervention des témoins comme une forme d'égoïsme, ou liée à la peur de subir soi-même des violences. En France, le problème public du harcèlement de rue a été défini principalement à partir du vécu de la victime et comme une violence faite aux femmes, orientant les débats vers une explication de la non-intervention des témoins comme une forme d'indifférence au sexisme. En mettant l'accent sur le caractère violent et envahissant de ces comportements vis-à-vis des victimes, ce cadrage s'est moins intéressé aux difficultés qu'ont souvent les témoins de ces situations pour les qualifier comme relevant du harcèlement. Nous nous intéressons à des interventions en milieu scolaire, organisées par des associations afin de sensibiliser des lycéens à la question du harcèlement de rue et les encourager à intervenir s'ils en sont témoins. Si les intervenant.e.s expliquent initialement la non-intervention comme une forme d'indifférence au sexisme et de résistance à leur politique qui vise à protéger l'autonomie des femmes et des personnes LGBTQI+, les réactions des élèves montrent que celle-ci vient plutôt de la peur qu'une intervention soit perçue comme une atteinte illégitime à l'autonomie d'autrui. Cet article interroge ainsi la réduction de toutes les résistances à des politiques progressistes et anti-sexistes à l'expression d'idées conservatrices et misogynes, en montrant qu'elles peuvent être le fruit de tensions internes aux politiques visant à protéger l'autonomie des individus. La réflexivité des militant.e.s et la façon dont ils vont adapter leur démarche en fonction de ces résistances pratiques illustrent les difficultés mais également les manières de promouvoir des comportements solidaires dans une société qui valorise les libertés individuelles. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Encouraging bystander intervention in street harassment situations. A sociological study of the politicization of gender relations in the public spaceIn recent awareness campaigns against street harassment, criticism of bystanders, who are described as passive, has played a central role. We are often presented with the image of an apathetic passer-by who is indifferent to the attack, and the non-intervention of bystanders is frequently exposed as a form of selfishness, or as a fear that they will then become a victim of violence. In France, street harassment as a public problem has been defined principally from the personal experience of the victim and as a form of violence perpetrated against women, leading actors to explain the non-intervention of bystanders as an indifference to sexism. By focusing on the invasive and violent manner in which these behaviors are experienced by victims, the difficulties bystanders experience in identifying a situation as street harassment are overlooked. In this article, I analyze interventions in schools organized by associations seeking to raise awareness about street harassment among high school pupils and to encourage them to intervene if they are a bystander to such a situation. While the speakers initially explain non-intervention as an indifference to sexism and a resistance against defending the autonomy of women and LGBTQI+ people, the reactions of the pupils show that their hesitations are often an expression of their fear that their intervention will be perceived as an illegitimate intrusion into the other's personal space. This article thus questions the reduction of all resistance to progressive and anti-sexist politics to the expression of conservative and misogynistic beliefs, showing that they can be the result of tensions internal to the politics of protecting individuals' autonomy. The reflexivity of the activists and the way in which they adapt their approach in reaction to the pupils' resistance show the difficulties but also the possibilities of promoting solidarity in a society that values individual liberties. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_125_0087 |