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Titre Souvenirs refoulés ou fausse mémoire ? L'amnésie traumatique dans les jurisprudences américaine et israélienne
Auteur Béatrice Coscas-Williams
Mir@bel Revue Les cahiers de la justice
Numéro no 2016/4 La crise des institutions de l'oubli
Rubrique / Thématique
Dossier - La crise des institutions de l'oubli
Page 649-669
Résumé Dans trois arrêts rendus par la Cour suprême israélienne, entre 2010 et 2014, les juges abordent le sujet difficile de l'amnésie traumatique due à l'inceste. Dans ces affaires, les plaignantes, âgées de 20 à 30 ans, s'étaient subitement rappelées avoir été violées, par leur père respectif, et cela pendant toute leur enfance, alors qu'elles ne se souvenaient de rien jusqu'à l'âge adulte.Sur cette problématique, deux théories développées par les scientifiques s'opposent : la première, la théorie des souvenirs refoulés, explique le mécanisme de défense au cours duquel des événements traumatiques sont enfouis dans l'inconscient de l'enfant-victime pour ressurgir des années plus tard, la plupart du temps à l'âge adulte. Ce mécanisme a été étudié et défini par un certain nombre de scientifiques, principalement aux États-Unis. La seconde théorie, le syndrome de la fausse mémoire, a également vu le jour aux États-Unis. Cette théorie soutient que ces souvenirs qui semblent « refoulés » sont en réalité des faux souvenirs « greffés » par des tiers au cours par exemple de séances de psychothérapie ou d'hypnose.Les juges de la Cour suprême israélienne analysent le bien-fondé de ces deux théories à la lumière des récits présentés par les trois plaignantes. Contrairement à la jurisprudence américaine qui émet des doutes quant à l'authenticité des souvenirs enfouis puis retrouvés, la jurisprudence israélienne soutient que la théorie des souvenirs refoulés est de l'ordre du consensus.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In three decisions taken by the Israeli Supreme Court between 2010 and 2014, the judges were confronted with the difficult subject of traumatic dissociative amnesia in cases of sexual abuse within the family. In these cases, the complainants, aged 20 to 30 years suddenly recalled being raped by their parent, during their childhood. The plaintiffs argued that they had no prior memory of sexual abuses until they reach adulthood.Concerning this issue, two opposing theories are prelevant : the first one, the theory of repressed memories explains the defense mechanism in which, traumatic events are buried in the unconscious of the child victim to be recalled years later. This mechanism has been studied and defined by a number of scientists, mainly in the United States. The second theory, the false memory syndrome, has also emerged in the US in the early 90s. This theory holds that memories which seem to be « repressed » are actually false memories « transplanted » by others, for example during psychotherapy sessions or hypnosis.The judges of the Israeli Supreme Court analyze both theories in the light of the facts in each case and the stories presented by the plaintiffs. Unlike American case law which has doubts regarding the authenticity of repressed memories, Israeli judges recognize the relevance of the theory of repressed memories.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDLJ_1604_0649