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Titre Les prophètes de la finance. Contester et refaire l'époque
Auteur Pierre Pénet
Mir@bel Revue Tracés
Numéro no 36, 2019/1 Faire époque
Rubrique / Thématique
Articles
Page 59-79
Résumé Cet article interroge la notion de prophétisme financier d'un point de vue sociologique. Le cas empirique retenu est celui de la crise de 2008. Trois enjeux sont traités. Premièrement, le prophétisme est analysé comme une représentation minoritaire et contestataire de l'époque qui contraste avec le rapport au temps optimiste des prévisionnistes établis. Ces deux pôles prophétique et prévisionniste traduisent des éléments de différenciation sociale entre experts et des enjeux de pouvoir liés à la « bonne » représentation du temps et de l'époque. Ensuite, cette étude suggère que les crises génèrent des faits confirmatifs qui peuvent sembler confirmer tout ou partie du discours prophétique. De ce point de vue, les prophéties ne sont pas toujours condamnées à être désavouées par la réalité car elles peuvent trouver dans les crises un puissant mécanisme de félicité. Plusieurs analogies avec l'eschatologie religieuse sont proposées en mobilisant les travaux de Max Weber ainsi que les récentes études sociohistoriques du prophétisme biblique. Enfin, cet article envisage les modalités d'institutionnalisation des prophéties pour comprendre leur rôle éventuel dans la réforme des pratiques financières.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article offers a sociological perspective on financial prophecies. The 2008 financial crisis serves as an empirical illustration. Three issues are addressed. Firstly, prophecies are analysed as a contrarian and contentious representation of the age which contrasts with the conventional and optimistic relationship to time endorsed by established forecasters. Thus, prophets and forecasters should be understood as two socially differentiated groups of experts engaged in a debate over the “right” characterisation of the financial age. Secondly, this study suggests that epoch-changing events such as financial crises can generate confirmatory facts, which may seem to confirm all or part of the prophetic discourse. From this point of view, prophecies are not always bound to failure, as they can find a powerful felicity mechanism in the onset of a financial crisis. Several analogies with religion are suggested, using a classical Weberian perspective and recent sociohistorical studies of biblical prophecies. Finally, this article considers the role of prophecies in the institutionalisation of new financial practices.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/traces/9452