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Titre L'époque capitaliste
Auteur William H. Sewell Jr
Mir@bel Revue Tracés
Numéro no 36, 2019/1 Faire époque
Rubrique / Thématique
Traductions
Page 169-182
Résumé Cet article défend l'idée que le capitalisme doit être compris comme un phénomène d'époque, c'est-à-dire comme une forme de vie spécifique, historiquement et temporellement limitée, avec des dynamiques sociales et temporelles qui la démarquent d'ères passées de l'histoire, et qui n'est pas destinée à durer indéfiniment. La caractéristique la plus typique du capitalisme – une croissance économique séculaire soutenue en termes de capitaux par tête – a amené des bénéfices importants à l'espèce humaine, non seulement à travers l'augmentation du bien-être économique mais aussi en allouant aux individus des corps plus grands, plus forts, plus résistants, et par l'augmentation radicale de l'espérance de vie. Il a également rendu possible une remarquable hausse des pouvoirs techniques, éducatifs et scientifiques de la société. L'expérience de la croissance économique soutenue a suscité l'émergence d'un sens particulier du temps comme progressif et ouvert – rendant possible la conscience historique moderne. Dans le même temps, la marchandisation incessante des relations sociales dans le capitalisme a tendu à libérer les individus de la domination basée sur le statut personnel, mais aussi à les soumettre à des formes plus abstraites de domination. La destruction créatrice, mécanisme clé du capitalisme pour produire une croissance économique soutenue, a également produit un cycle impossible à maîtriser, fait de booms et de crises, créant de nouvelles formes d'insécurité tout en ayant tendance à faire sortir les gens de la pauvreté absolue. Le développement capitaliste a toujours été spatialement inégal. La forme de l'ère postcapitaliste dépendra de la manière dont nous utiliserons collectivement les pouvoirs que l'ère capitaliste a produits – la science et la technique, évidemment, mais aussi la conscience historique critique qui réside au cœur des sciences sociales historiques.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article argues that capitalism must be understood as an epochal phenomenon, that is, as a historically specific and temporally limited form of life with social and temporal dynamics that set it off from previous eras of history and that are not destined to last indefinitely. Capitalism's most distinctive feature – sustained secular economic growth in per capita terms – has brought great benefits to the human race, not only by increasing economic well-being but by endowing people with bigger, stronger, and more resilient bodies and radically increased life spans. It has also made possible an astounding increase in society's technical, educational, and scientific powers. The experience of sustained economic growth has led to a particular sense of time as open-ended and progressive – making possible modern historical consciousness. Meanwhile, the relentless commodification of social relations under capitalism has tended to free people from domination based on personal status, but also to subject them to more abstract forms of domination. Creative destruction, which is capitalism's key mechanism for producing sustained economic growth, has also produced an unmasterable cyclical pattern of boom and bust, creating new forms of insecurity whilst also tending to lift people out of absolute poverty. Capitalist development has always been spatially uneven. There is reason, however, to think that the capitalist era may be approaching its end. The shape of the post-capitalist era will depend on how well we collectively make use of the powers that the capitalist era has produced – science and technology, to be sure, but also the critical historical consciousness that lies at the heart of social science history.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/traces/9648