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Titre La Jordanie et les Palestiniens, les meilleurs des ennemis : voyage dans l'espace et le temps
Auteur Roger Heacock
Mir@bel Revue Confluences Méditerranée
Numéro no 110, automne 2019 Jordanie : une stabilité de façade
Rubrique / Thématique
Dossier - Jordanie : une stabilité de façade
Page 143-154
Résumé Ce n'est qu'avec le partage colonial de l'entre-guerre que la fluidité séculaire du Levant s'est bloquée, alors que les états-nations commençaient péniblement à se profiler. Ce processus n'est d'ailleurs pas accompli aujourd'hui, un siècle plus tard. L'accueil des réfugiés palestiniens en Jordanie (1948, 1967, 1991) a ainsi été vécu dans ce nouveau pays de manière contradictoire : ils venaient (comme du reste dans les pays du Golfe arabo-persique) aider à la construction de la nation, mais en même temps, déséquilibrer les rapports inter-tribaux, et fragiliser encore plus l'emprise des nouveaux souverains hachémites originaires d'Arabie. La volatilité de ces rapports aujourd'hui n'a ainsi rien de nouveau, d'autant plus que le sentiment d'appartenance à la nation palestinienne se renforce en dépit du temps qui passe chez ces citoyens de deuxième zone bien qu'omniprésents dans toutes les professions, sauf les plus martiales, et même jusque dans le palais royal puisque la reine est palestinienne. Mais en même temps, cette identité se dédouble d'une conscience panarabe, ou pan-syrienne renforcée, qui n'a rien du politique d'antan, et tout d'un imaginaire transfrontalier qui tend paradoxalement à unir les différents habitants de la Jordanie entre eux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais It was not until the interwar colonial partitions that the age-old fluidity of the Near East was broken, as nation-states began hesitantly to take shape. This process has in fact not yet met with success today, one century later. The reception by Jordan of Palestinian refugees (1948, 1967, 1991) was thus experienced in this new country in contradictory ways: on the one hand (as in the Persian Gulf countries) they helped in building the nation, but at the same time they unsettled inter-tribal relations and threatened control by the new Hashemite rulers who had come from Arabia. The volatility of these relations today is therefore not new, the more so because the feeling of belonging to the Palestinian nation is strengthening despite the passage of time among these citizens who remain second-tier, despite their omnipresence in all trades except the military, even in the Court, since the queen is Palestinian. But at the same time that identity is coupled with a growing pan-Arab or pan-Syrian consciousness, which has nothing to do with the political movements of the past, and everything with the transnational imagination tending, paradoxically, to bring together the disparate Jordanian population groups.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_110_0143