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Titre Les deux corps des juifs : droits et pratiques de citoyenneté des habitants du ghetto de Rome, XVIe-XVIIIe siècle
Auteur Angela Groppi, Michael Gasperoni
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 73, no 3, juillet-septembre 2018 Droit(s) et minorités juives, XVIe-XIXe siècle – Science et industrie – L'Amérique française – Musique et politique
Rubrique / Thématique
Droit(s) et minorités juives, XVIe–XIXe siècle
Page 591-625
Résumé Après les interdictions et les limitations introduites au moment de l'institution du ghetto en 1555, les juifs de Rome engagèrent une bataille séculaire pour sauvegarder leur capacité d'agir professionnelle et commerciale. De cette bataille dépendirent non seulement les modes de leur appartenance à la sphère économique, mais aussi la négociation et la défense de leur statut de citoyens. S'il fut plus difficile pour les habitants du ghetto de résister à la pression conversionniste de l'Église ainsi qu'aux confiscations et aux destructions répétées de leurs livres, ils parvinrent plus aisément à obtenir gain de cause sur le plan des revendications économiques, notamment en s'appuyant sur le ius commune. Les archives des tribunaux, y compris ceux du Saint-Office et de la Rote, conservent les traces des nombreux contentieux les opposant aux marchands et aux artisans chrétiens. Celles-ci montrent que les juifs romains réussirent à exercer, au cours de la longue histoire du ghetto, leurs multiples activités, non seulement grâce à des pratiques transgressives, ou à une tolérance pragmatique dictée par l'utilité de leurs métiers et de leurs trafics, mais aussi et surtout à travers l'infatigable défense des normes juridiques autorisant leur agir économique. En faisant preuve d'une extraordinaire résilience, ils réussirent à vivre pendant des siècles en tant que juifs dans une société à majorité chrétienne et à tenir tête, souvent avec succès, à des concurrents économiques qui, brandissant l'étendard de leur « chrétienté », prétendaient qu'il ne fallait pas considérer cette minorité comme « des hommes d'un même peuple et comme des citoyens ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais After the prohibitions and the restrictions introduced at the ghetto's foundation in 1555, the Jews of Rome began a long battle to preserve their professional and commercial agency. On this battle depended not only the modalities of their membership in the economic sphere, but also the negotiation and defense of their status as citizens. If it was difficult for the inhabitants of the ghetto to resist the pressure of the Church to convert and the repeated confiscation and destruction of their books, they were more successful when it came to their economic demands, especially when these were based in ius commune. Court archives, including those of the Inquisition and the Rota, preserve the traces of numerous legal suits opposing Jews and Christian merchants or artisans. These show that throughout the long history of the ghetto, Roman Jews managed to carry out many professional activities—not simply thanks to transgressive practices or a pragmatic tolerance dictated by the usefulness of their skills and trades, but also and above all through the unceasing defense of the legal norms that authorized their economic activity. By demonstrating an extraordinary resilience, over several centuries they managed to live as Jews within a society that was predominantly Christian. They also managed to stand up, often successfully, to economic competitors who brandished their “Christianity,” and who asserted that this minority should not be considered as “members of the same people or as citizens.”
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_733_0591