Titre | Cent ans d'immigration racontés par les prénoms | |
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Auteur | Jérôme Fourquet, Sylvain Manternach | |
Revue | Hérodote | |
Numéro | no 174, 3ème trimestre 2019 Migrations et nations | |
Page | 113-140 | |
Résumé |
L'étude des prénoms s'avère une méthode
extrêmement féconde en enseignements sur
les phénomènes migratoires qu'a connus
et que connaît encore la France. Le fichier
Insee des prénoms attribués aux nouveau-nés
chaque année en France, qui se décline également à l'échelle départementale, offre la
possibilité de suivre l'histoire des immigrations en France depuis 1900. La disparition
rapide des prénoms d'origine pour les immigrations polonaise et portugaise, notamment
une fois les flux migratoires taris, montre
la puissance de la machine assimilatrice
républicaine. L'analyse des listes électorales
du 13e arrondissement de Paris montre que
75 % des Français issus de l'immigration
asiatique (Vietnam, Laos, Cambodge, Chine)
portent un prénom français ou européen, un
choix pragmatique à même de faciliter leur
intégration.
L'analyse anthroponymique permet
aussi d'étudier et de mesurer la montée en
puissance du groupe ethnoculturel arabo-musulman (par ailleurs fortement hétérogène) au sein de la société française depuis
la Seconde Guerre mondiale, sa diffusion sur
le territoire au fil des décennies et sa très inégale répartition sur le territoire métropolitain.
Le dépouillement des listes électorales
de Marseille montre, à l'échelle locale, une
ségrégation plus grande encore avec des
bureaux de vote où plus de 50 % des électeurs
inscrits portent un prénom issu des mondes
arabo-musulmans, ces bureaux se trouvant
essentiellement au nord du centre-ville et
dans les arrondissements septentrionaux de
Marseille, quand cette proportion est inférieure à 5 % dans de nombreux bureaux du
sud de la ville. Cette inégale répartition dessine une correspondance quasi parfaite entre
le taux de prénoms arabo-musulmans dans
les bureaux de vote et le taux de pauvreté au
niveau local (carroyage Insee de 200 mètres
de côté). Enfin, les concentrations notables
(comoriens, arméniens) selon des temporalités et des modalités très différentes ou au
contraire la diffusion de certaines communautés (pieds-noirs) montre la différence des
parcours individuels et collectifs en fonction
de l'origine des immigrés à Marseille. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Studying given names is an extremely
fruitful method for examining migratory
movements that France has and is experiencing. The Insee file of first names given to
newborns each year in France, which is also
available at a departmental level, creates an
opportunity to follow the history of immigration in France since 1900. The rapid
disappearance of Polish and Portuguese
first names, especially once the migratory
movements had ended, shows the strength of
France's assimilation apparatus. An analysis
of lists of voters in the 13th arrondissement
of Paris shows that 75 % of French people of
Asian descent (whose families immigrated
from Vietnam, Laos, Cambodia, and China)
had a French or otherwise European first
name. This is a pragmatic choice for facilitating integration.
An anthroponomic analysis further assists
with examining and measuring the rise of the
Arab Muslim ethnocultural group (which
tends to be highly heterogeneous) within
France since the Second World War, specifically its spread across the country over the
decades and its very unequal countrywide
distribution.
Counts of Marseilles voter lists shows
that at a local level, there is even greater
segregation with some voting stations having
over 50 % of registered voters with an Arab
Muslim first name. These voting stations are
primarily located north of the city center and
in the northern arrondissements of Marseille.
At the same time, this proportion is under
5 % in many voting stations in the southern
parts of the city. This unequal distribution of
Arab Muslim first names at voting stations
corresponds almost perfectly with poverty
rates at a local level (using the Insee 200-m
grid patterns). Finally, significant concentrations of groups (such as immigrants from
the Comoros and Armenia) depending on
various circumstances and time periods or
dispersal (as with the Pieds-Noirs) shows that
immigrants had very different individual and
group journeys in Marseille. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HER_174_0113 |