Titre | Assurer les tâches parentales pendant un cancer : un moyen de rester maîtresse de son existence | |
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Auteur | Anaïs Mary | |
Revue | Revue française des Affaires sociales | |
Numéro | no 4, octobre-décembre 2019 Des parentalités bousculées | |
Rubrique / Thématique | Réajuster sa parentalité : comment les événements biographiques affectent-ils les trajectoires parentales ? |
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Page | 49-71 | |
Résumé |
Partant de l'hypothèse que la survenue d'un cancer va de pair avec un relâchement ménager et parental opéré par les femmes qui en sont touchées, en raison du caractère affaiblissant sur les plans physique et moral de ses traitements, il nous reviendra de montrer que celle-ci ne se vérifie que partiellement. Si elle est valide pour le ménager où celles qui ont été interrogées dans le cadre de notre travail de thèse ont toutes fait part d'un moindre investissement, nous ne pouvons pas en dire de même pour ce qui se rapporte aux aspects maternels. En effet, lorsqu'elles interrompent leur activité professionnelle, qu'elles habitent à proximité des lieux où elles sont soignées et que les effets secondaires des traitements sont limités dans leur nombre et dans leur intensité, le cancer va constituer une occasion pour un grand nombre de mères interrogées de surinvestir la sphère parentale. Déclarant « faire autant [voire] plus » et « faire mieux » auprès de leurs enfants, elles y voient des modalités de pouvoir sur soi qui leur permettent de garder la maîtrise de leur existence. Réaliser autant ou plus de tâches parentales sur un registre plus qualitatif constitue pour elles un marqueur de domination sur le cancer. Elles s'en saisissent à la fois comme signe de leur robustesse physique et intellectuelle face aux effets des traitements et comme moyen de contrer les caractères perturbateur et (potentiellement) funeste de cette maladie ; l'exercice des tâches parentales étant inchangé par rapport à ce qu'il était avant le cancer et étant mobilisé comme une preuve qu'elles se font à elles-mêmes et aux personnes qui les entourent qu'elles sont encore bien vivantes. Surtout, elles considèrent que l'exercice de ces tâches leur permet de demeurer les cheffes d'orchestre de la vie familiale ; ce même titre dont celles qui ont délégué les tâches parentales regrettent de ne pas pouvoir se réclamer. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In this article, we show that women having contracted cancer ease off on their housework duties while investing more time and effort in their parental duties than they did before. This is enabled by parental leave, the proximity of their house to the hospital, and if the side effects of the treatment are not too strong. This increased investment is felt as a way of empowering themselves and being stronger than the illness. For the women concerned, it is above all an indicator of their physical and intellectual strength in the face of the effects of the treatment. It is also a way of overcoming the disruptive and (potentially) deadly nature of the illness. Indeed, it allows them to continue their life as it was before the cancer, and to show that they are still fully alive. Lastly, they think it is the best way for them to remain the head of their family, by keeping their “vital role” of accomplishing parental duties, setting educative rules and putting them into practice. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFAS_194_0049 (accès réservé) |