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Titre Un agent abyssinien et deux rois indiens à La Mecque : Interactions autour du droit islamique au XVe siècle
Auteur Mahmood Kooria, Thibault Le Texier
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 74, no 1, janvier-mars 2019 Pensée économique
Rubrique / Thématique
Circulations islamiques
Page 75-103
Résumé Durant le premier millénaire de l'islam, la plus grande faculté de droit (madrasa) de La Mecque fut créée par un souverain bengali. Connue sous le nom d'université Banjāliyya, elle devint l'un des instituts les plus importants de la ville. Une deuxième université fut fondée deux décennies plus tard par un autre sultan bengali, né et élevé en hindou. Cet article revient en détail sur la création et l'histoire de ces deux universités et sur les implications en matière d'interactions juridiques pour l'historiographie existante sur le Moyen-Orient, l'islam d'Asie du Sud et l'océan Indien. Le premier projet d'établissement, mené à bien par un agent abyssin, montre comment le droit a fourni des fondements et un langage communs qui permirent aux musulmans asiatiques, africains et arabes d'échanger et d'harmoniser leurs desseins culturels, économiques, politiques et diplomatiques. Les représentations liées aux projets juridiques ouvraient des possibilités qui n'auraient autrement pas été envisageables et qui dépassaient le droit en tant que doctrine religieuse. Cette histoire d'un triangle d'interactions afro-arabo-asiatique amène à repenser ce que nous savions sur l'islam prémoderne et le droit islamique. Au lieu de considérer les Arabes comme les seuls exportateurs de l'islam et de son droit et les croyants d'Asie et d'Afrique comme de simples récepteurs, il faut accepter la réalité d'échanges réciproques existant depuis les périodes prémodernes. L'histoire des facultés de droit bengalies à La Mecque éclaire sur ces interconnexions afro-arabo-asiatiques et sur leur rôle dans la formation de l'islam d'Asie du Sud en particulier et de l'océan Indien en général.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The biggest law college (madrasa) in Mecca during the first millennium of Islam was established by a Bengali ruler. It was known as Banjāliyya madrasa and became one of the premier institutes in the city, only to be followed two decades later by another college established by a second Bengali sultan, born and brought up as a Hindu. This article explores the nuances of the founding of these two colleges and the implications of their history for the existing historiography of the Middle East, South Asian Islam, and the Indian Ocean world in terms of legal interactions. The first foundation project, overseen by an Abyssinian agent, demonstrates the ways in which law provided shared vocabularies and common ground for Asian, African, and Arab Muslims to exchange and negotiate their cultural, economic, political, and diplomatic aspirations. The very notions surrounding legalistic projects opened up possibilities which would otherwise have been inconceivable, and went beyond law as a religious doctrine. This story of an Afro-Asian-Arab triangle of interactions prompts us to rethink existing ideas about premodern Islam and Islamic law. Instead of seeing Arab regions as the sole exporters of Islam and its law, and believers in Asia and Africa as mere receivers, we need to recognize the reciprocal exchanges that existed from the premodern period on. The histories of the Bengali law colleges in Mecca shed light on these Afro-Asian-Arab interconnections and their role in the formation of South Asian Islam in particular and that of the Indian Ocean in general.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_741_0075