Titre | Les indigènes de la République : Altérité, race et politique dans le Mexique post-révolutionnaire (années 1940-années 1950) | |
---|---|---|
Auteur | Romain Robinet | |
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales | |
Numéro | vol. 74, no 1, janvier-mars 2019 Pensée économique | |
Rubrique / Thématique | Amérique latine |
|
Page | 129-163 | |
Résumé |
Destiné à accélérer un processus de métissage prétendument à l'œuvre depuis la Conquête, l'indigénisme mexicain s'est donné pour buts successifs de favoriser la « fusion raciale » au sein de la population et de planifier l'« acculturation » des minorités indigènes. Mises en place durant les années 1930, 1940 et 1950, les premières politiques indigénistes, qu'elles fussent menées par le Département autonome des affaires indigènes, par le ministère de l'Éducation publique ou par l'Institut national indigéniste, visaient largement à « incorporer l'Indien à la civilisation ». Fruit d'une vision à la fois occidentale, progressiste et paternaliste, elles transformèrent, ce faisant, la catégorie raciale « indigène » en une catégorie politique légitime, axée sur un référentiel interaméricain. Plusieurs jeunes Mexicains ayant bénéficié des premiers « internats indigènes », lesquels se généralisèrent dans les années 1930, purent dès lors se considérer comme « indiens » ou « aborigènes », renverser le stigmate pesant sur eux et utiliser stratégiquement l'altérité comme une ressource politique. Cette contribution retrace ainsi l'histoire de cette génération qui mobilisa, durant les années 1940 et 1950, ses « frères de race » dans une série d'organisations dont la matrice fut la Confédération nationale des jeunes indigènes. Ces organisations structurèrent un mouvement national indien d'apparence massive, comptant plusieurs dizaines de milliers d'adhérents, qui chercha à la fois à exprimer publiquement des demandes socio-économiques, éducatives et sanitaires et à s'intégrer au Parti révolutionnaire institutionnel, comme un « secteur » officiel, défini de manière raciale. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
Intended as a means of accelerating the process of racial mixing (mestizaje) that had supposedly been taking place since the Conquest, Mexican Indigenism (indigenismo) set itself the successive goals of promoting “racial fusion” among the population, followed by the “acculturation” of indigenous minorities. Developed from the 1930s, the first Indigenist policies, whether implemented by the Autonomous Department of Indigenous Affairs, the Ministry of Public Education, or the National Indigenist Institute, broadly aimed to “incorporate the Indian into civilization.” Resulting from a vision that was simultaneously occidental, progressive, and paternalist, they thereby transformed the “indigenous” racial category into a legitimate political one, set within an inter-American frame of reference. A number of young Mexicans, having benefited from the first “Indian boarding schools” that spread in the 1930s, could henceforth consider themselves “Indians” or “Aborigines,” reverse the stigma from which they had suffered, and use their alterity strategically as a political tool. This article retraces the history of this generation which, in the 1940s and 1950s, mobilized its “racial brothers” in a series of organizations that sprang up around the National Confederation of Indigenous Youth. These organizations formed a massive national Indian movement, with tens of thousands of members, which sought to articulate socioeconomic, educational, and health claims and to integrate into the Institutional Revolutionary Party as an official “sector” defined along racial lines. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_741_0129 |