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Titre Breeding Soviet Progress : ‪or “To the pioneers of the distant future fly our 20th‑century dreams!”‪
Auteur Stefan Guth
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 60, no 2-3, avril-septembre 2019 La modernité nucléaire soviétique
Rubrique / Thématique
Au-delà de Moscou : perspectives décentrées sur l'histoire nucléaire soviétique
Page 281-308
Résumé L'article étudie une entreprise ambitieuse visant à donner corps à l'imaginaire du communisme atomique sur les confins méridionaux de l'URSS poststalinienne : le complexe nucléaire de Ševčenko (l'actuelle Aqtaw) sur le littoral de la mer Caspienne au Kazakhstan. Acclamé tant en URSS qu'à l'étranger et situé dans une ville vitrine moderne, ce complexe réunissait l'extraction d'uranium, un réacteur à neutrons rapides et le dessalement nucléaire de l'eau à grande échelle. L'auteur analyse l'émulation réciproque entre les secteurs politique et technoscientifique dans leur essor vers la modernité nucléaire soviétique et montre que leurs logiques opérationnelles divergentes n'étaient pas toujours en phase. Ce décalage se traduisait par une coexistence malaisée entre les visions technocrates de la période soviétique tardive et la modernisation à marche forcée héritée de l'industrialisation stalinienne. L'auteur démontre que ces contradictions correspondaient en grande partie à deux conceptions concurrentes du programme nucléaire soviétique. La première, qui s'appuyait sur un exceptionnalisme nucléaire visant à réaliser des progrès révolutionnaires grâce à une synergie entre la faculté mobilisatrice du système soviétique et le pouvoir transformateur de l'atome, privilégiait la quantité au détriment de la qualité. La seconde, basée sur un internationalisme nucléaire qui voyait l'URSS à l'avant‑garde du progrès technoscientifique mondial, en rivalité et en coopération avec des pays du bloc de l'ouest tels que la France et les États‑Unis et cherchant à améliorer l'efficacité et la sécurité de la production d'énergie nucléaire, privilégiait la qualité. L'histoire de Ševčenko donne un aperçu de ces deux tendances, qui, selon l'auteur, préfiguraient déjà les particularismes de la politique technologique actuelle de la Russie.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais ‪This article investigates an ambitious attempt to materialise the imaginary of atomic‑powered communism on the Southern periphery of the post‑Stalinist USSR: the nuclear complex of Shevchenko on Kazakhstan's Caspian shore, which combined uranium mining, a fast breeder reactor and large‑scale nuclear‑powered water desalination in a modernist showcase city, to domestic and international acclaim. The analysis focuses on how political and technoscientific developments set each other's pace in Soviet nuclear modernity, and points to a number of ways in which their diverging operational rationales were out of step, resulting in an uneasy combination of late‑Soviet technocratic visions with brute‑force modernisation carried over from Stalinist industrialization. It is argued that these contradictions aligned in large part with two competing ways in which key actors framed the Soviet nuclear power programme: first, in terms of a nuclear exceptionalism which aimed to synergise the mobilizational clout of the Soviet system with the transformative power of the atom to achieve revolutionary progress, prioritising quantity over quality, and second, in terms of a nuclear internationalism which saw the USSR at the forefront of universal technoscientific advancement, competing and cooperating across the bloc divide with countries such as France and the US to improve the efficiency and safety of nuclear power generation, with an emphasis on quality. The history of Shevchenko provides insights into both of these tendencies, which, it is claimed, already prefigured the idiosyncrasies of Russia's present nuclear technopolitics.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_602_0281