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Titre Nuclearizing Ukraine – Ukrainizing the Atom : Soviet nuclear technopolitics, crisis, and resilience on the imperial periphery
Auteur Anna Veronika Wendland
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 60, no 2-3, avril-septembre 2019 La modernité nucléaire soviétique
Rubrique / Thématique
Au-delà de Moscou : perspectives décentrées sur l'histoire nucléaire soviétique
Page 335-368
Résumé En tant que système sociotechnique, la technologie nucléaire soviétique était impérialiste. Elle était considérée comme la pierre angulaire de « grands projets d'intégration fondés sur la technologie » sur le territoire et au‑delà. L'Ukraine soviétique occupait une place prépondérante dans ces visées, et sa nucléarisation consolidait son statut de secunda inter pares dans la gestion de l'Union. Cette nucléarisation cadrait d'ailleurs avec les intérêts de Kyiiv en matière de distribution des ressources. De plus, les capacités nucléaires de l'Ukraine soviétique étaient destinées à établir un lien puissant avec les autres pays socialistes et leur système électrique. L'apparition de grandes centrales nucléaires dans des régions rurales non industrialisées de l'Ukraine servait les objectifs de colonisation interne de l'URSS et de développement d'infrastructures. Elle déplaça des milliers d'experts russophones vers des régions de l'Ukraine qui, deux décennies plus tôt, étaient considérées comme des confins dangereux. En même temps, le recrutement au niveau local dans les centrales nucléaires ukrainiennes eut l'effet de produire une nouvelle classe de spécialistes du nucléaire ukrainophones et d'ouvriers qualifiés, écrivant un nouveau chapitre dans l'histoire de l'ascension sociale après la Seconde Guerre mondiale. Il faut ajouter que c'est sur les confins ukrainiens que le programme Des Atomes pour la paix traversa de graves crises tout en faisant preuve de résilience et d'anticipation des problèmes. L'article réexamine les récits traditionnels sur le nucléaire ukrainien, souvent réduits à l'expérience de la domination russe, à la catastrophe de Černobyl, à la victimisation et à l'effondrement postsoviétique, et dans lesquels le rôle actif de l'Ukraine dans l'histoire générale de la technologie nucléaire soviétique et celui de la résilience et de la transformation sont occultés. Ce sont à la fois des récits venant d'Ukraine posant celle‑ci en victime et des conceptions centralisatrices soviétiques présentant le nucléaire comme un projet véritablement russe. Ce qui se passe à la périphérie est la preuve du contraire et remet en question ces deux points de vue.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais ‪Soviet nuclear technology, as a socio‑technical system, was an imperial technology. It was regarded as a cornerstone in “large technological system”‑based integration projects within and beyond the Soviet Union. Soviet Ukraine played an important role in this endeavor, and nuclearizing the republic stabilized its status as secunda inter pares in ruling the Soviet Union. Nuclearization was also aligned with Kyiiv's resource distribution interests. Soviet Ukraine's nuclear capacities, moreover, were designed to establish a powerful link with other Socialist countries and their electricity systems. The emergence of large nuclear power plants in former non‑industrialized rural regions of Ukraine served the purposes of Soviet internal colonization and infrastructure development. It brought thousands of Russian‑speaking experts to Ukrainian lands which two decades earlier had still been considered unsafe peripheries. But regional recruitment to the Ukrainian NPP also produced a novel class of Ukrainophone nuclear specialists and skilled workers, thus adding a new chapter to the history of Ukrainian social mobilization in the post‑WWII period. At the same time, it was on the Ukrainian periphery that Soviet Atoms for Peace experienced severe crises but also showed resilience and preparedness for problem‑solving. This article revises traditional narratives on nuclear power in Ukraine, which are often reduced to the experience of Russian domination, the Chernobyl disaster, victimhood, and post‑Soviet disintegration, discussing neither Ukrainian agency in the overall history of Soviet nuclear technology nor the role of resilience and transformation. The traditionalist view is supported by both Ukrainian victimizing narratives and Russian centrist concepts of Soviet nuclear power as a genuine Russian project. Evidence from the periphery challenges both of these lines of thinking.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_602_0335