Contenu de l'article

Titre Sekretnaia laboratornaia zhizh′ v SSSR : 1940 – 1970
Auteur Galina Orlova
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 60, no 2-3, avril-septembre 2019 La modernité nucléaire soviétique
Rubrique / Thématique
Secret, publicité et recadrage des héritages : pratiques sociales discursives
Page 461-492
Résumé Le secret, c'est‑à‑dire les procédés, l'infrastructure et l'idéologie présidant à la rétention délibérée d'information, fait l'objet de cette étude. L'auteure le décrit à partir de l'exemple empirique des laboratoires nucléaires placés sous la tutelle de l'agence atomique de l'URSS. L'auteure concentre son étude sur les infrastructures organisationnelles du secret et les déformations matérielles de la recherche sous le sceau du secret. En s'appuyant sur des publications, des mémoires nucléaires, des entretiens détaillés avec des acteurs du projet tirés de la collection du projet Obninsk et d'un fonds d'archives unique déclassifié, elle montre par quels procédés la dissimulation du savoir et de la technologie nucléaires s'intégra aux méthodes de recherche entre le milieu des années 1940 et le début des années 1970 et les déforma. L'auteure envisage le laboratoire comme l'unité centrale de recherche dans le Projet atomique soviétique. Elle suggère que la phase initiale de la mise en œuvre des programmes nucléaires à grande échelle, avec la concentration des forces, des ressources scientifiques et du secret et le développement d'un style spécifique de la grande science soviétique qui l'accompagnait était une « ère des laboratoires ». L'émergence du secret dans le laboratoire de recherche nucléaire et les archives afférentes sont décrites à travers les radiochimistes du projet. La vie secrète des laboratoires est représentée à travers un assemblage de documents secrets sur la superficie des zones sous haute surveillance, les services d'espionnage et sur le matériel d'enregistrement. L'auteure suggère que les procédures courantes de laboratoire ont changé les méthodes de production de données scientifiques, ont transformé les physiciens en adeptes du secret et contribué à l'élaboration des modèles de la culture soviétique du secret.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais

‪In this article, secrecy – the practice, infrastructure, and ideology of deliberate concealment of information – is described on the empirical example of nuclear laboratories subordinated to the Soviet atomic agency. The author pays special attention to organizational infrastructures of secrecy and material deformations of secret research. On the basis of published documents, nuclear memoirs, in‑depth interviews from the collection of the Obninsk project and a unique declassified archive, the author demonstrates how between the mid‑1940s and early 1970s the concern for hiding nuclear knowledge and technology became embedded in research methods and deformed them. She considers the laboratory as the main unit of research activity in the Soviet Atomic project. She identifies the early stage of the implementation of large‑scale nuclear programs associated with concentration of scientific forces, resources, secrecy, and development of a specific style of the Big Soviet science as a “lab age.” The emergence of secrecy and its archive are described on the basis of the case of Moscow‑Obninsk radiochemists. Secret laboratory life is presented in the text through an assemblage of secret documents about the surface of highly secure areas, espionage bodies and recording equipment. Laboratory routines, the author suggests, changed the methods of producing scientific data, transmuted physicists into secret physicists, and developed the patterns of the Soviet culture of secrecy.‪

Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_602_0461