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Titre Moral disengagement
Auteur Patrick Clervoy
Mir@bel Revue Inflexions
Numéro no 7, 2007/3 Le moral et la dynamique de l'action
Rubrique / Thématique
Articles
Page 139-154
Résumé Chaque homme a en lui autant de potentiel de fraternité que de haine. Pris dans les conditions extrêmes de son engagement, un soldat peut montrer de lui le meilleur comme le pire. Par l'ampleur de son retentissement médiatique, le scandale d'Abu Ghraib a paru constituer une surprise tant la communauté militaire américaine fut choquée, mais les conduites observées étaient hautement prédictibles. Voilés ou révélés, ces dérapages ont existé en bien d'autres temps et d'autres lieux.Il est étonnant que dans leur planification des opérations en Irak, les spécialistes américains n'aient pas retenu les brillantes démonstrations de psychologie expérimentale faites dans leurs universités dans les années 1960 et qui montraient qu'un homme normal placé dans des conditions particulières peut avoir des comportements cruels par extinction de son jugement moral.Les faits sont incontestables : l'éthique peut faire défaut chez un soldat, quelles que soient ses qualités. Les militaires impliqués dans le scandale d'Abu Ghraib étaient des personnes normales. Il se trouvait au milieu d'eux des personnes au comportement moral jusque-là remarquable, mais la situation dans laquelle ils ont été placés les a invinciblement conduits à ce qu'ils ont fait. Ce n'est qu'après coup que l'aspect choquant de leur conduite leur est apparu.La seule vraie prévention de ce phénomène relève du commandement par une action d'information et de surveillance. Plusieurs pays de l'otan ont inclus dans leurs académies militaires un enseignement sur les situations dans lesquelles peut se produire ce problème désigné aujourd'hui sous le terme anglais de moral disengagement et dont la traduction française adéquate serait le « décrochage du sens moral ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Each person has within them the potential for both fraternity and hate. The extreme conditions of their engagement can bring out the best and the worst in a soldier. Due to the scale of its media impact, the Abu Ghraïb scandal was a surprise to the extent that the US military community was shocked; however, the behaviours witnessed were highly predictable. Whether hidden or out in the open, these instances of a loss of control have also occurred in other periods, in other places. It is surprising that in their planning for operations in Iraq, US specialists did not learn from the brilliant demonstrations on experimental psychology performed in US universities in the 1960s. These demonstrations show that a normal person under certain conditions can engage in cruel behaviour, due to an extinction of their moral judgement. The facts are beyond doubt: ethics can be lacking in a soldier, regardless of his qualities. The soldiers involved in the Abu Ghraïb scandal were normal people. They were among people whose conduct up until that point had been remarkable, but the situation they were put in led them to do what they did. It was not until after the event that the shocking nature of their behaviour became clear. The only real way of preventing this phenomenon comes from the command, through information and surveillance efforts. Military academies in several NATO countries have information on situations in which this problem, known as moral disengagement, can occur.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=INFLE_007_0139