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Titre L'incompétence est-elle seulement de fruit de l'idéologie ? Kakistocratie, cleptocratie et cacocratie
Auteur Philippe Naszályi
Mir@bel Revue La Revue des Sciences de Gestion
Numéro no 299-300, 2019/5-6
Page 1-2
Résumé L'apparente disparition, du moins en Europe, de la terreur qu'inspirait le communisme, a fait croire à nombre de nos contemporains que nous sortions de l'« âge idéologique » pour entrer dans un monde sans histoire où la rationalité du système de production capitaliste serait contrôlée par ce nouveau dieu qu'est le marché. Le fait d'avoir fait croire à l'ensemble de la planète qu'une seule voie désormais menait le monde, est une idéologie qui génère tout autant de serviteurs zélés et incompétents que l'on en trouvait jadis à la tête des organisations du Gosplan. Mais cette caste néolibérale est aussi très souvent, très étatique, ce qui n'est pas le moindre de ses paradoxes. C'est ce que l'on pourrait appeler la « cleptocratie » où, le copinage de formation et l'interchangeabilité des carrières, font qu'en gouvernant, on favorise, par le vol des deniers publics, les entreprises des copains de promotion, allés « pantoufler », et qui se montreront accueillants, lors des changements de pouvoir ! Mais cette cleptocratie se double désormais du règne des médiocres : la Kakistocratie qui est une nuance certaine de la cacocratie (Kakocratie), ce cinquième système socio-technico-économique qui est la confiscation des pouvoirs du peuple par les représentants de la démocratie représentative. La kakistocratie correspond mieux à ce que nous constatons, du moins en France, la caste dirigeante formée pour l'essentiel dans les mêmes écoles, dites « Grandes », est bien une sorte d'aristocratie inversée. Comme Térence, nous faisons nôtre cette sentence qu'étant hommes, « rien de ce qui est humain ne nous est étranger ! » et c'est l'oubli de cette vérité qui est la cause de bien des problèmes économiques et sociaux qui concernent au premier chef les gestionnaires. C'est dans cet esprit qu'a été organisé ce numéro autour de ces quatre dossiers : – L'entepreneur, un métier ou des pratiques ? – Le changement : un moyen de survie ? – La RSE et l'Ethique ! – Digitalisation : clef de la perfomance ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The apparent disappearance, at least in Europe, of the terror that communism inspired, has made a number of our contemporaries believe that we were leaving the « ideological age » to enter a world without history where the rationality of the capitalist production system would be controlled by this new god that is the market. The fact of having made the whole planet believe that only a single path now leads the world is an ideology that generates just as many zealous and incompetent servants that were found long ago at the head of organisations of the Gosplan. But this neoliberal class is also very often highly statist, which is not the least of its paradoxes. This is what could be called « kleptocracy » where the old-boy network of formation and the interchangeability of careers mean that by governing, we favour, by the theft of public money, companies of classmates, who switched from the public to the private sector, and who shall prove to be welcoming during changes in power! But this kleptocracy is now coupled with the reign of mediocre people: Kakistocracy that is a certain nuance of cacocracy (Kakocracy), this fifth socio-technical-economic system that is the confiscation of the powers of the people by the representatives of the representative democracy. Kakistocracy best corresponds to what we observe, at least in France, the governing class formed for the most part in the same schools, known as « grandes écoles » is indeed a sort of reversed aristocracy. Like Terence, we make claim to this saying that being men, « nothing of what is human is foreign to us! » and it is the forgetfulness of this truth that is the cause of many economic and social problems that primarily concern managers. It is in this spirit that this edition has been organised around these four issues: – The entrepreneur, a profession or practices? – Change: a means of survival? – Corporate Social Responsibility and Ethics! – Digitalisation: key to performance?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RSG_299_0001