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Titre Pour en finir avec le despotisme. L'image de Méhémet-Ali dans l'opinion publique franco-britannique
Auteur Jean-François Figeac
Mir@bel Revue Revue historique
Numéro no 694, avril 2020
Page 105-133
Résumé Méhémet-Ali occupe une place à part entière dans la galerie de portraits des souverains orientaux. Associé au stéréotype orientaliste du despote oriental au début de son gouvernement sur l'Égypte, il fut progressivement représenté comme le modèle de l'homme d'État réformiste influencé par la civilisation européenne. Il fit donc l'objet d'une véritable admiration en France et même dans une partie de la société anglaise. Cette nouvelle image ne se construisit pas ex nihilo mais grâce à une politique d'influence que le vice-roi mena en France et en Angleterre par le biais de son conseiller et médecin Clot-Bey ainsi que par des voyages qu'accomplirent plusieurs jeunes membres de l'élite égyptienne. Son objectif était de pouvoir devenir une alternative crédible au sultan ottoman au cas où celui-ci aurait été renversé par les Russes. Cette stratégie paya au cours de la crise de 1839-1840 qui vit le pacha d'Égypte défier une seconde fois Mahmoud II qui cherchait à récupérer la Syrie. L'opinion publique française défendit dans son immense majorité Méhémet-Ali tandis que la presse anglaise versa dans la francophobie, tout en épargnant le pacha soutenu par la France. Considéré en France comme l'instrument de la revanche contre la coalition qui conduisit au congrès de Vienne, Méhémet-Ali devait rester du point de vue anglais un allié pour pérenniser de la route des Indes. Produit d'une lutte d'influence en Orient, de la mise en place de réseaux pro-égyptiens et de la réception par un public pétri d'orientalisme, la fascination pour Méhémet-Ali nous permet de comprendre les dessous de la rivalité franco-britannique dans cette région du monde, rivalité qui ne trouva une solution qu'avec le percement du canal de Suez.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Mehmet-Ali holds a special place in the portrait gallery of Eastern sovereigns. Associated with the orientalist stereotype of the Eastern despot at the beginning of his government of Egypt, he was gradually represented as the model of the reformist statesman influenced by the European civilization. He was the object of a true admiration in France and even in a part of the English society. This new picture was not built ex nihilo but resulted from an influential policy led by the vice-king in France and England with his councillor and doctor Clot-Bey, and by the journeys of young members of the Egyptian elite. His aim was to become a credible alternative to the Ottoman sultan should the latter be overthrown by the Russians. This strategy paid off during the 1839-1840 crisis when, for the second time, Egypt's Pasha challenged Mahmoud II who tried to get Syria back. Most of the French public opinion defended Mehmet-Ali, while the English press became Francophobic despite showing mercy for the Pasha who was supported by France. Considered in France as the instrument for revenge against the coalition which drove to the Vienna Congress, Mehmet-Ali, from a British viewpoint, was to stay an ally to ensure the continuity of the route to India. The fascination for Mehemet-Ali is the consequence of a struggle for power in the East, of the building of pro-Egyptian networks and of the reception by a public moulded by orientalism. This fascination enables us to understand what lies behind the Franco-British competition in this region of the world, which was resolved thanks to the opening of the Suez canal.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_202_0105