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Titre Mythes et réalités de la convertibilité du rouble
Auteur Pierre Traimond
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol. 21, no 1, 1990
Page 19 pages
Résumé Les autorités soviétiques évoquent souvent la convertibilité du rouble, sans jamais poser le problème essentiel de l'appartenance au système monétaire international organisé autour de quelques puissances dominantes. La question est d'autant plus complexe que la mondialisation de la finance accentue le rôle des devises convertibles dans les échanges mondiaux. Le système monétaire international s'ordonne autour de règles établies entre pays et d'une coopération dont l'exemple est donné par le Système monétaire européen. La convertibilité ne fonctionne que dans un cadre étroit de stabilité et de confiance qui ne dépasse pas le cercle des grands pays capitalistes industriels. Trois voies peuvent orienter le rouble vers la convertibilité : l'entrée au FMI, qui n'assure d'ailleurs pas celle-ci, des accords de swaps par création de « monnaie privée », la monétarisation de devises-titres. Les deux dernières solutions posent des problèmes peu compatibles avec le système monétaire soviétique. En URSS, la monnaie en circulation les espèces diffère de la monnaie scripturale réservée pour l'essentiel à l'État et aux entreprises, ou encore du rouble- devise ou du rouble transférable. Le dernier reste une monnaie de compte, tandis que les deux premiers, monnaies de paiement, sont menacés par la hausse des prix et l'inflation. La convertibilité du rouble se heurte aussi à deux obstacles essentiels : l'austérité qu'implique une politique monétaire et budgétaire rigoureuse, la menace de « dollarisation » dans la mesure où l'introduction d'un marché de devises dans le pays risque d'affaiblir sinon de marginaliser le rouble fiduciaire.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The convertibility of the ruble : myth and reality The Soviet authorities often refer to the convertibility of the ruble without even raising the main question, i.e. membership of the international monetary system organized around certain leading powers. The question is all the more complex in that the world-wide nature of finance emphasizes the role of convertible currencies in world trade. The international monetary system is organized according to rules laid down among cooperative countries such as for example the European monetary system. Convertibility can only work within a narrow framework of stability and trust which does not go beyond the circle of the major capitalist industrial countries. There are three routes by which the ruble may achieve convertibility : entry to the IMF, which does not necessarily ensure the former ; "swap-agreements" through the creation of private money, and the monétarisation of nominal money. The two latter solutions raise problems which are not readily soluble given the nature of the Soviet monetary system. In the USSR, money in circulation, i.e. in the form of cash, is separate from money used basically by the State and its enterprises, or again from foreign-trade rubles and the transferable ruble. The latter remains an accounting unit, while the two former, as means of payment, are threatened by rising prices and by inflation. Ruble convertibility also runs into two basic problems : the austerity implied by a rigid budgetary and monetary policy, and the threat of "dollarization", insofar as the introduction of a currency market in the country may run the risk of weakening, or even marginalizing the paper ruble.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1990_num_21_1_1449