Titre | On Contradictions: The Architecture of Women's Resistance and Emancipation in Early twentieth-Century Iran | |
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Auteur | Armaghan Ziaee | |
Revue | ABE Journal : European architecture beyond Europe | |
Numéro | no 16, 2019 On Margins: Feminist Architectural Histories of Migration | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Feminist Architectural Histories of Migration |
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Résumé |
Dans l'environnement construit de l'Iran, les espaces publics ont certes été des espaces genrés, lieux de domination et de subordination, mais aussi des terrains de résistance et d'émancipation. En analysant le projet d'envergure, influencé par l'Occident, de modernisation des espaces publics lancé par Reza Chah Pahlavi (qui a régné de 1925 à 1941), cet article met en contexte le « langage genré » utilisé pour atteindre les objectifs de la modernisation et étudie des expériences vécues par des femmes dans des grandes villes comme Téhéran, Qazvin, Racht et Bouchehr. Au cours de cette période, les mouvements d'architecture et d'urbanisme modernes ont surtout obéi aux prescriptions du ciam. Les plans hippodamiens aux axes de circulation clairs ont pris le pas sur les systèmes traditionnels locaux de ruelles étroites, tortueuses, souvent semi-couvertes, qui répondaient aux pratiques du cheminement piéton. Le mouvement moderne a également tenté de « démocratiser » les espaces publics à travers une abolition de la ségrégation liée aux genres et a mis en avant que les rues devaient être des espaces agréables esthétiquement où femmes et hommes pourraient circuler et socialiser dans la mixité, phénomène tout à fait contraire aux traditions locales. À cela vint s'ajouter le fait qu'en 1936, la politique de Reza Chah fut d'interdire aux femmes de porter le tchador dans les espaces publics et de privilégier le vêtement à l'occidentale. Certaines femmes, principalement issues de milieux conservateurs, religieux et de classes sociales inférieures, rejetèrent l'utilisation des espaces publics transformés par la loi. Ainsi, plus particulièrement dans les quartiers anciens et ceux où les maisons étaient mitoyennes, les femmes se mirent à utiliser les terrasses comme lieux de réunion et comme substitution des voies piétonnes. D'autres, appartenant aux classes supérieures, accueillirent favorablement cette modification de l'espace public désormais ouvert à tous, l'utilisant pour s'affranchir de tabous sociaux et culturels. À l'appui des théories féministes postcoloniales et transnationales, dont celle de Chandra Talpade Mohanty (1984) et celle d'Inderpal Grewal et Caren Kaplan (1994) qui critiquent la modernité et la modernisation et mettent l'accent sur la diversité des expériences vécues par les femmes mais aussi sur l'importance de leur mise en contexte, cet article montre comment, dans un climat politique fait d'énormes contradictions, les espace construits furent (re)configurés et ré(appropriés) en tant qu'outils physiques de résistance vis-à-vis de la colonialité de la modernisation de l'environnement construit ainsi que du pouvoir, tout en étant (ré)envisagés par de nombreuses femmes comme un objet de confrontation aux traditions culturelles et aux idéologies patriarcales. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The public spaces in Iran's built environment were gendered sites of domination and subordination, yet also terrains of resistance and emancipation. Tracing the massive western-oriented project of modernization of public spaces issued by the Shah of Iran, Reza Shah Pahlavi (1925-1941), this article contextualizes the gendered language used to advance modernization, and examines examples of women's experiences in major cities including Tehran, Shiraz, Qazvin, Rasht, and Bushehr. During this period, modern architecture and planning movements in Iran mainly followed the discourse instigated by ciam [International Congresses of Modern Architecture]. Urban street plans with an orthogonal network of roads, streets, and wide boulevards were favored over the vernacular system of narrow, twisting, partly-roofed alleys, based on pedestrian movements. The modern movement also attempted to desegregate and “democratize” public spaces through gender desegregation, arguing that streets needed to be aesthetically-pleasing spaces where both men and women could walk and socialize in mixed-sex gatherings, a phenomenon that was not common in public spaces in the history of Iran. It should be noted that in 1936, Reza Shah promulgated a ban on the use of the chador (the traditional Iranian veil) in public places, in favor of Western women's fashion, i.e., European hats, coats, and gloves. Due to this ban, some women, particularly those from conservative, religious, lower-class backgrounds, resisted using public spaces and streets. In older neighborhoods, where houses were attached to each other, these women used the rooftops as gathering spaces and as a form of pedestrian pathway. Others, mainly elite, urban, upper-class women, accepted and appreciated the desegregated spatial practices, using them to free themselves from social and cultural taboos. Building on postcolonial and transnational feminist theories, including those of Chandra Talpade Mohanty (1984) and Inderpal Grewal and Caren Kaplan (1994), which critique modernity and modernization and emphasize the diversity of women's experiences and the importance of contextualizing them, this article addresses how, in a political climate of enormous contradictions, architectures were (re)configured and (re)appropriated as physical tools of resistance against the coloniality of modernization of the built environment and state power for one group of women, yet simultaneously, were (re)envisioned as an apparatus of confrontation with cultural traditionalism and patriarchal ideologies for another group of women. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/abe/7059 |