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Titre Violente amnistie : La réconciliation athénienne de 403 av. J.-C.
Auteur Vincent Azoulay
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 74, no 2, avril-juin 2019 Historiographie transnationale - Démocratie athénienne
Rubrique / Thématique
Démocratie athénienne
Page 383-425
Résumé En 403 av. J.-C., les Athéniens se réconcilièrent après plusieurs mois d'une guerre civile sanglante entre oligarques et démocrates. Les deux camps s'engagèrent alors solennellement à « ne pas rappeler les maux » (mē mnēsikakein) qui les avaient déchirés, et la démocratie fut rétablie. Selon Nicole Loraux, c'est la cité tout entière qui aurait fait le choix de l'amnistie de façon à conjurer le spectre hideux de la guerre civile (stasis). Cet article propose de revenir sur cette interprétation unanimiste en prenant, comme point de départ, l'une des grandes figures de la réconciliation athénienne, Archinos. Résistant de la première heure à l'oligarchie, celui-ci parvint à rassembler les « modérés » des deux camps autour d'une conception partagée de la communauté et de ses limites. Loin de s'imposer comme une évidence, la réconciliation alla de pair avec le maintien d'une forte conflictualité politique, dont témoigne notamment une floraison de procès entre 403 et 399. Ces affrontements tournèrent manifestement à l'avantage des « modérés », qui non seulement parvinrent à l'emporter sur le moment, mais réussirent par la suite à imposer leur version de l'histoire, comme en témoigne la Constitution des Athéniens attribuée à Aristote. En réalité, ce ne fut nullement la cité unanime qui refoula le conflit, mais certains groupes, bien identifiables en son sein, qui promurent activement l'oubli, quitte à l'imposer avec une
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In 403 BCE the Athenians reconciled after several months of bloody civil war opposing oligarchs and democrats. The two sides took a solemn oath to “forget the wrongs” (mē mnēsikakein) that had torn them apart, and democracy was restored. For Nicole Loraux, the city as a whole chose this amnesty in order to repel the terrifying specter of civil war (stasis). This article seeks to reconsider this vision of unanimity, taking as its starting point one of the major figures of the Athenian reconciliation, Archinos. Opposed to oligarchy from the outset, Archinos managed to assemble the “moderates” from both sides around a shared conception of the community and its limits. Far from self-evident, this reconciliation was accompanied by a consistently high level of political conflict, evidenced by the increasing number of trials between 403 and 399. The outcome of these confrontations clearly favored the “moderates,” who not only prevailed in the moment but also managed to impose their vision of events over the longer term, as evidenced in the Constitution of the Athenians attributed to Aristotle. In reality, it was in no sense the city that unanimously suppressed the conflict, but rather certain easily identifiable groups within it who actively promoted this act of “forgetting,” even to the point of imposing it with a certain amount of violence.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_742_0383