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Titre Tempéraments politiques et géographie électorale de deux grandes vallées intra-alpines des Alpes du Nord : Maurienne et Tarentaise. [Le milieu géographique et le tempérament montagnard]
Auteur Simone Hugonnier
Mir@bel Revue Revue de Géographie Alpine
Numéro vol. 42, no 1, 1954
Page 36 pages
Résumé Résumé. — L'auteur, utilisant les méthodes préconisées par les maîtres de la géographie politique, A. Siegfried et F. Goguěl, et profitant des travaux géographiques récents publiés sur la zone intra-alpine {thèse de H. Onde, tome III des Alpes Occidentales de R. Blanchard) a essayé de rechercher les tempéraments et l'évolution politique de ces deux vallées en fonction du milieu naturel, du milieu humain, de l'évolution démographique et industrielle. Quelques précisions sont nécessaires pour éclairer le lecteur. Les pourcentages donnés par l'auteur sont toujours ceux du premier tour car ils reflètent beaucoup plus que les résultats finaux la véritable tendance politique. D'autre part, le M.B.P. n'a pas été classé parmi les partis de gauche, parce qu'en Savoie, si les candidats M.R.P. sont des candidats sociaux, les électeurs qui leur donnent leurs voix ne sont pas des électeurs de gauche (une carte des voix M.R.P. en 1951 est particulièrement évocatrice). L'auteur a pu ainsi tirer quelques idées intéressantes qu'elle développe au cours de cet exposé. La première est l'opposition permanente entre les communes des fonds des vallées principales précocement orientées vers la gauche, et les autres communes qui manifestent tout au long un solide tempérament de droite à base religieuse. Cette opposition s'accentiie encore avec le développement de l'indu&trie, qui n'affecte que les fonds. Ainsi s'opposent les hautes cellules pastorales conservatrices et religieuses aux fonds de vallées industrielles de gauche ou d'extrême gauche. La deuxième idée dégagée par l'auteur est que les personnalités jouent ici un rôle considérable et qu'on vote pour des hommes plus que pour des idées, ce qui n'a rien de surprenant dans un milieu montagnard. La troisième conclusion est que deux facteurs semblent avoir été prédominants pour l'évolution politique de ces deux vallées : l'un démographique, l'émigration, l'autre économique, l'industrie {l'ouvrier paysan est devenu un prolétaire même s'il améliore son niveau de vie). En 1951, la carte politique de la Maurienne et de la Tarentaise a peu varié en ce qui concerne la localisation géographique. La Haute Maurienne, la Haute Tarentaise restent les bastions de la droite, et les basses vallées des secteurs de gauche. Mais d'une part de nombre des voix de gauche a augmenté puisque les communes industrielles se sont gonflées et les hautes communes rurales et pastorales se sont partiellement vidées, d'autre part l'extrême gauche a gagné sur le centre gauche (socialistes et radicaux); le radicalisme semble mort tandis que le socialisme n'aura eu de faveurs que pendant une dizaine d'années. La Maurienne et la Tarentaise nous offrent ainsi un double exemple de stabilité par la persistance d'une droite conservatrice rurale religieuse et d'évolution brus- • que par le passage brutal du radicalisme au communisme. Dans ce domaine, comme dans d'autres (démographie, économie), c'est une évolution normale pour des vallées montagnardes qui progressent plus tardivement mais plus brusquement que les régions de plaine.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1954_num_42_1_989