Titre | À propos du statut épistémologique des expériences en économie | |
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Auteur | Yves de Curraize, Sylvie Thoron | |
Revue | Revue d'économie politique | |
Numéro | vol. 130, no 4, juillet-août 2020 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 545-572 | |
Résumé |
Apparue dans l'immédiat après-guerre, voire dans les années 1930, la pratique des expériences en économie a connu un essor important depuis les années 1970, une consécration dans les années 2000 à travers l'attribution de prix Nobel en économie expérimentale, et tout récemment la reconnaissance similaire des travaux pionniers d'Esther Duflo
sur les Expériences Aléatoires Contrôlées (EAC) en économie du développement. Dans
cet article nous nous intéressons aux deux méthodologies les plus couramment utilisées : les EAC et celles qui entrent dans la catégorie de l'économie expérimentale. Partageant le même principe de base qui est de provoquer une observation dans le but d'étudier certains phénomènes, elles n'en diffèrent pas moins par leur origine et leur statut
épistémologique. D'une part l'économie expérimentale, tournée vers la théorie, trouve
ses origines dans une tentative réfutationniste dans les années 1970. D'autre part les
EAC, tournées vers l'évaluation des politiques publiques, viennent d'une recherche de
confirmation. Nous montrons par contre que l'influence conjointe des deux méthodologies a ensuite ébranlé une conception de l'économie décrite par Hausman [1992] comme
science inexacte et séparée. Économie expérimentale et EAC ont œuvré pour que l'économie devienne une discipline moins généraliste et plus contextualisée. Elles ont aussi
obligé les chercheurs, expérimentalistes, randomistes et théoriciens à repenser la définition du domaine de l'économie. Quand certains s'efforcent de le préciser, d'autres tentent
de l'élargir, selon différentes conceptions de l'interdisciplinarité. Par contre, il semble que
les différentes méthodologies expérimentales ne remettent que peu en question la théorie de la rationalité comme référence normative. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The use of experiments in economics emerged in the immediate post-war period, and even
before in the 1930s. Furthermore, it experienced a major boom since the 1970s, with a
consecration in the 2000s through the award of Nobel Prizes for experimental economics,
and more recently the similar recognition of the pioneering work of Esther Duflo on
Randomized Controlled Trials (RCTs) in development economics. In this article, we focus
on the two most commonly used methodologies: on the one hand those that fall into the
category of experimental economics and on the other, RCTs. Although they share the same
basic principle of engendering an observation in order to study certain phenomena, they
differ in their origin and epistemological status. On the one hand, experimental economics,
oriented towards theory, finds its origins in the 1970s in a refutationist approach. On the
other hand, RCTs, oriented towards the evaluation of public policies, have confirmationist
origins. However, we argue that the joint influence of the two methodologies subsequently
put into question the conception of economics described by Hausman [1992] as “an inaccurate and separate science”. Indeed, experimental Economics and RCTs have turned
economics into a less generalist and more contextualized discipline. They have also forced
researchers, both experimentalists and theorists to rethink the very definition of the
domain of economics. While some are trying to make it more specific, others are trying to
broaden it, based on their different conceptions of interdisciplinarity. Finally, it seems that
neither of the two types of experimental methodology really question the theory of rationality as a normative reference.
JEL Classification : B21, B23, B41, C91, C92, C93, N01, Z18 Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REDP_304_0041 |