Contenu de l'article

Titre La politique du cadavre : Traitements funéraires et usages civiques des morts à la guerre en Grèce archaïque et classique
Auteur Reine-Marie Bérard
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 75, no 1, janvier-mars 2020 La mort en Grèce ancienne - Monarchie hispanique - Identités, Identifications
Rubrique / Thématique
La mort en Grèce ancienne
Page 1-38
Résumé En partant de l'importance que revêt la matérialité du cadavre dans les rites funéraires grecs antiques, cet article aborde les problèmes spécifiques posés par la récupération et le traitement funéraire des corps des soldats morts à la guerre. Il tient compte d'une triple spécificité de la mortalité militaire : l'abondance inhabituelle des cadavres à prendre en charge ; l'articulation entre la corporéité brute du cadavre et la forte charge symbolique qui lui est associée ; enfin, l'opposition entre le caractère privé de la mort et la dimension collective de sa gestion en temps de guerre. L'objectif est de montrer comment le traitement funéraire des tués à la guerre en vient à constituer, à partir de l'époque archaïque et de manière centrale à l'époque classique, un élément fondamental dans la négociation de formes d'affiliations souples à la communauté politique, en réponse à une double évolution des catégories juridiques et des techniques militaires advenue au Ve siècle avant J.-C. Le contrôle du cadavre du soldat devient alors un puissant instrument de définition et de cohésion des poleis, non seulement sur le champ de bataille face à l'ennemi, mais aussi dans la cité pour faire face à des moments de tension exacerbée. À travers le problème technique que pose le traitement du cadavre des soldats, ce sont ainsi les représentations politiques de la mort dans la cité et pour la cité et les mécanismes du contrôle de la cité en guerre qui sont appréhendés.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Considering that the materiality of the corpse played a central role in the funerary rituals of the ancient Greek world, this article explores the problems raised by the retrieval and funerary treatment of those killed in battle. It takes into account three specificities of military casualties: the unusually high number of corpses to deal with; the articulation between the crude corporeity of the dead body and its highly charged symbolic value; and the opposition between the private event of death and its collective regulation in wartime. The aim is to show how the funerary treatment of military casualties became a crucial means of negotiating adaptable modes of affiliation to the political community from the Archaic period on, and especially in the Classical period, as a reaction to the double evolution of legal statuses and military techniques that took place during the fifth century BCE. Controlling the corpses of military casualties thus became a powerful way to delimit the poleis and maintain its cohesion, not only before the enemy on the battlefield but also within the city itself at moments of high tension. By analyzing the practical aspects of the funerary management of war-dead and focusing on the materiality of the dead body, we can thus retrace the political representations of death in the city and for the city, and the mechanisms of control used in the city at war.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_751_0001 (accès réservé)