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Titre "Tener persona" : Sur l'identité et l'identification dans les sociétés d'Ancien Régime
Auteur Alessandro Buono, Joséphine Sales
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 75, no 1, janvier-mars 2020 La mort en Grèce ancienne - Monarchie hispanique - Identités, Identifications
Rubrique / Thématique
Identités, identifications
Page 73-111
Résumé Cet article vise à éclaircir les logiques qui présidaient aux opérations d'identification et de revendication de l'identité personnelle dans la Monarchie espagnole d'Ancien Régime, en les contextualisant au sein de la culture juridique de leur époque. J'analyserai les sources produites par les Juzgados de bienes de difuntos (« Tribunaux des biens des défunts »), chargés d'adjuger les héritages d'attribution incertaine, en vérifiant l'identité et la parenté des personnes impliquées dans des successions à échelle mondiale. Au lieu d'interpréter la « preuve d'identité » de manière évolutionniste, je chercherai à comprendre sa production en partant de la constatation que, durant l'Ancien Régime, la personnalité juridique se concevait comme une possession, revendiquée activement par son usage, publiquement exercé et reconnu. Il s'agira donc de montrer que l'identité était détenue, comme tout autre droit, à travers des « actes de possession », et non simplement grâce à des titres de propriété, considérés plutôt comme une façon de transcrire les actes de possession d'état. L'article avance donc que, dans les sociétés d'Ancien Régime, il fallait continuellement produire la preuve de sa propre identité, en raison non seulement de l'insuffisance des procédures bureaucratiques et des pratiques d'archivage des données, mais, surtout, d'une manière différente de posséder la « chose identité », c'est-à-dire d'une autre façon de « tenir personne ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article aims to clarify the logics that governed operations of identification and claims to personal identity under the early modern Spanish Monarchy by contextualizing them within ancien régime legal culture. It analyses the sources produced by the Juzgados de bienes de difuntos (Tribunals of property of deceased persons), responsible for adjudicating successions of uncertain attribution and verifying the identity and kinship of those involved in inheritance transmissions on a global scale. Rather than adopting an evolutionist interpretation of “proof of identity,” this paper seeks to understand its development, starting from the observation that before the late eighteenth century legal personality was conceived as a possession—that is, as a thing that was owned and actively claimed by its use, publicly exercised and acknowledged. It will be shown that identity was held, like any other right, through “acts of possession” and not simply through title deeds, which were instead seen as a way of transcribing acts of possession of status. The article therefore suggests that in the early modern era it was necessary to continually produce proof of one's identity, not only because of inadequate bureaucratic procedures and data archiving practices, but above all due to a different relation to the “thing of identity,” or, in other words, a different way of “possessing personhood.”
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_751_0073 (accès réservé)