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Titre La première carte d'identité d'Afrique occidentale française (1946-1960) : Identifier et s'identifier au Sénégal au temps de la citoyenneté impériale
Auteur Séverine Awenengo Dalberto
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 75, no 1, janvier-mars 2020 La mort en Grèce ancienne - Monarchie hispanique - Identités, Identifications
Rubrique / Thématique
Identités, identifications
Page 113-151
Résumé Cet article explore le projet et la mise en œuvre au Sénégal de l'arrêté général du 17 octobre 1949 qui institua en Afrique occidentale française (aof) le port d'une carte d'identité fédérale. Ce projet correspondait à la volonté de généralisation et d'uniformisation de l'identification légale personnelle consécutive à la réforme de l'Empire après-guerre. La fin du régime de l'indigénat et l'octroi de la citoyenneté impériale requéraient en effet que s'établisse un rapport nouveau entre l'État et des individus singuliers, en rupture avec l'approche catégorielle qui avait jusqu'alors été au fondement du gouvernement impérial. Si, à travers l'analyse de l'extension de l'état civil dans les années 1950, l'historiographie a pu récemment éclairer les limites de la nouvelle gouvernementalité coloniale et l'ambivalence de la citoyenneté impériale, l'histoire de cette première carte d'identité est restée un angle mort de la recherche sur les dispositifs d'identification mis en place après-guerre. En mobilisant de nouveaux matériaux archivistiques et empiriques et par un changement d'échelle d'observation, cet article invite à poursuivre la réflexion entamée et à en nuancer certaines conclusions. Il s'attache non seulement à explorer la fabrique bureaucratique, sociale et politique de la carte d'identité, à questionner les régimes de véridiction de l'identité légale, mais aussi à éclairer la manière dont des Africains et des Africaines envisagèrent ces documents, qui furent aussi des supports d'expériences du monde social et, parfois, intime.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article explores the project that became the decree of October 17, 1949, obliging inhabitants of West French Africa to carry a federal identity card, and its implementation in Senegal. This project echoed the desire to generalize and standardize personal legal identification following the postwar reform of the French Empire. The end of the Code de l'indigénat and the granting of imperial citizenship implied a new relationship between the state and individual persons, breaking away from the categorical approach previously at the core of imperial government. Historiography has highlighted the limits of this new colonial governmentality and the ambivalence of imperial citizenship, in particular through the analysis of the extension of the état civil (civil registry) in the 1950s. However, the history of this first identity card has been overlooked in research on the identification measures established after the war. Drawing on previously unused archival sources and empirical materials, and shifting the scale of analysis, this article seeks to extend this reflection and nuance some of the earlier findings. It explores the bureaucratic, social, and political fabric of the identity card and examines the regimes underpinning legal identity, while also seeking to shed light on the ways in which Africans perceived these documents, which were simultaneously sites of social and even intimate experiences.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_751_0113 (accès réservé)