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Titre De la normalisation aux cyborg studies : comment repenser le handicap
Auteur Ingunn Moser
Mir@bel Revue Cahiers du genre
Numéro no 38, 2005 Politiques de la représentation et de l'identité
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 127-162
Résumé Dans cet article, sont passés en revue un ensemble de discours qui s'interrogent sur la question de ce qui est « humain » et « normal ». Il s'agit de savoir dans quelle mesure ils pourraient servir le projet de subvertir les normes de validité et de handicap et de reconsidérer ce qu'on estime humain, normal et valide. Je montre tout d'abord que la normalisation, comme stratégie pour l'insertion des personnes handicapées dans la communauté, essaie de les intégrer par des moyens relevant de manœuvres d'exclusion et qu'elle est donc vouée à l'échec. Le discours prothétique a l'intérêt de normaliser la prothèse, mais néglige de questionner le moi ou la subjectivité normative, et finalement reproduit la définition classique du sujet individualisé. En revanche, le discours de l'acteur-réseau abandonne le sujet humain individualisé comme seul point de départ possible et se questionne sur la manière dont ce type de représentation et de subjectivité peut exister. Le discours de l'acteur-réseau situe la validité et le handicap sur un pied d'égalité, comme résultant de la manière dont l'ensemble particulier de relations auxquelles nous participons est aménagé et organisé. Mais il ne peut rendre compte des efforts déployés par les personnes afin d'assurer une continuité et des relations entre les positions diverses qu'elles occupent dans les différents réseaux. Dans le discours cyborg, féministe et radical, le cyborg, que l'on s'est approprié, est distordu, transformé et redessiné pour nous aider à exprimer de nouvelles figures de la subjectivité et de l'humanité. Le cyborg nous aide à incorporer des subjectivités complexes, hétérogènes et en partie reliées, mais aussi une humanité plus ouverte et plus inclusive.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In this essay I have surveyed a set of somewhat overlapping discourses which question what is human and normal. I have explored whether and how they can be appropriated for a project to subvert the norms of ability and disability, and to refigure what counts as human, normal and abled. As I argue here, normalisation — as a strategy to include disabled people into the community — attempts to include by means of an exclusive manœuvre, and thus is doomed to fail. Prosthetic discourse normalises the prosthesis, but neglects to query the self or normative subjectivity, and allows the individualised human actors to stand centre stage. In contrast, the actor-network discourse abandons the individualised human subject as the only possible starting point, and asks how this kind of agency and subjectivity is rendered possible. Actor-network discourse places ability and disability on an equal footing, as the result of how specific sets of relations of which we are part, is arranged and organised. But still, the actor-network discourse cannot account for the struggles to create continuity and to establish connections — the struggles to retain one's place in a few subject positions and to create connections between them. This struggle is possible from within the cyborg discourse : in this feminist and radical discourse, the cyborg is appropriated, twisted, turned and refigured to help us articulate new figures of subjectivity, as well as of humanity. Cyborg help us to embody complex, heterogeneous, partially related subjectivities, as well as a more open and inclusive humanity.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDGE_038_0127