Titre | Les marmites du Bayt al-mâl d'Alger. Charité, pouvoir et droits d'appartenance à l'époque ottomane | |
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Auteur | Isabelle Grangaud | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | no 23, 2020 Dossier : citoyennetés : pratiques et ressources | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Citoyennetés : pratiques et ressources |
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Page | 97-120 | |
Résumé |
Cette enquête a été initiée par l'étonnement suscité par l'apparente incongruité d'un conséquent patrimoine en vaisselle de cuivre conservé par une institution algéroise préposée à la gestion des biens en déshérence (le Bayt al-mâl). Ses résultats éclairent les manières dont les marmites - et plus largement les ustensiles - préposées aux repas en commun étaient mobilisées pour faire société. Nous avons mis en lumière le fait qu'en plus de pouvoir former des patrimoines dédiés à une institution pieuse, les marmites pouvaient être ces institutions pieuses (auxquelles pouvaient être dévolues des biens consacrés à leur cause) ; et que l'usage pieux et charitable qui en était fait avait en lui-même force de droit, qu'il en fondait le statut juridique, ainsi que celui des corps sociaux qui se formaient autour de ces institutions pieuses. Cela nous a permis de restituer la charge civique des droits attachés à ces marmites dont les usages collectifs rendaient active la production de corps sociaux. Ces usages étaient en effet le lieu et l'objet des ralliements, des soumissions, des obligations réciproques ; ils organisaient les pouvoirs, les affiliations, les hiérarchies et les seuils d'insertions aux sein de ces corps sociaux. Ils étaient en somme des modes actifs de construction des droits d'appartenance à des communautés politiques. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This investigation was initiated by the astonishment (surprise) at the apparent incongruity of a large copper tableware estate preserved by an Algerian institution in charge of managing unclaimed property (the Bayt al-mâl). Its results shed light on the ways in which the pots - and more broadly the utensils - used for communal meals were mobilised to form a society. We have highlighted the fact that, in addition to being able to form estates dedicated to a pious institution, the pots themselves could be these pious institutions (to which goods devoted to their cause could be devolved). Furthermore, the pious and charitable use that was made of them had in itself the force of law, it founded their legal status, as well as that of the social bodies that formed around these pious institutions. This enabled us to restore the civic dimension of the rights attached to these pots, whose collective use participated in the production of active social bodies. Indeed, these practices were the place and object of rallies, submissions and reciprocal obligations; they organised powers, affiliations, hierarchies and thresholds of insertion within these social bodies. In short, they were active modes of constructing the rights of belonging to political communities. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/anneemaghreb/6953 |