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Titre Investir les institutions depuis les marges de l'emploi : Les rapports à l'État social et à l'école de femmes des classes populaires urbaines
Auteur Angel Baraud
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 33, no 130, 2020 Rapports à l'école, rapports à l'État
Rubrique / Thématique
Dossier : Rapports à l'école, rapports à l'État
Page 77-102
Résumé À partir d'une enquête ethnographique auprès de femmes de classes populaires urbaines, sans emploi, portant notamment sur leurs rapports au travail et aux institutions publiques, cet article propose d'analyser les rapports à l'école d'un groupe de femmes qui scolarisent leurs enfants dans un établissement privé. Pour pallier le coût financier de la cantine, elles préparent le déjeuner de leurs enfants et se mobilisent pour avoir accès à un local municipal. En partant d'une question apparemment banale : « où faire manger ses enfants ? », l'article montre le caractère impossible, dans ce contexte, de la « conciliation entre vie familiale et vie professionnelle » à laquelle invitent les politiques publiques de l'emploi, du fait notamment des contraintes parentales engendrées par la scolarisation. Mais il montre également des femmes qui ne sont pas démunies dans leurs relations aux professionnelles et qui investissent individuellement et collectivement des structures publiques ou parapubliques pour contourner les défaillances des institutions de l'État social et des services publics, au premier rang desquelles se trouve l'école. L'école est une institution qui tient une place centrale dans la vie de ces femmes. Elle rythme leurs journées, leurs semaines et implique une importante charge de travail. De ce point de vue, elle n'est comparable à aucune des autres institutions auxquelles elles ont affaire. Toutefois, les pratiques et les représentations qu'elles engagent autour de la scolarisation de leurs enfants ainsi que les ressources qu'elles mobilisent face aux obstacles rencontrés invitent à penser l'école comme une institution comme les autres. Le sentiment de mise à distance en particulier ainsi que les différents modes d'investissement d'institutions intermédiaires qui en découlent ne sont pas spécifiques à l'école, c'est ce que montre l'étude de leurs relations à Pôle emploi.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Based on an ethnographic survey on unemployed urban working-class women and their relationships to work and public institutions, this article examines the relationships to school of a group of women who send their children to a private institution. To save money on school canteen lunches, they prepare lunch for their children, and they collectively mobilize to gain access to a municipal facility. Starting from a seemingly banal question—“Where do you get your children to eat?”—, the article shows how impossible it is, in this context, to achieve the “work–family balance” that public employment policies call for. It also shows that these women individually and collectively use public and para-public structures in order to get around the shortcomings of the institutions of the welfare state and of public services. The school is one of these institutions. The school plays a central role in the lives of these women. It sets the rhythm of their days and weeks and involves a heavy workload. From this point of view, it is not comparable to any of the other institutions they deal with. However, the practices and representations that they deploy in the schooling of their children and the resources that they mobilize when dealing with the obstacles they encounter invite them to think of the school as an institution like any other. The feeling of being kept at a distance, and the different modes of engagement with intermediary institutions that result from this, are not specific to schools.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_130_0077