Titre | Seins, reconstruction, et féminité. Quand les Amazones s'exposent | |
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Auteur | Corinne Fortier | |
Revue | Droit et cultures | |
Numéro | no 80 octobre 2020 Réparer les corps et les sexes. Volume 2 : Intersexuation, transidentité, reconstruction mammaire, et surdité | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Réparer les corps et les sexes |
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Résumé |
Les seins étant considérés dans nos sociétés comme l'emblème du féminin, leur perte est d'emblée associée à la perte de féminité, et le parcours de masculinisation des hommes trans qui procèdent à une mastectomie atteste d'une telle représentation. Pour les femmes atteintes d'un cancer du sein dont la mastectomie n'est pas choisie mais subie, la « reconstruction » mammaire, présentée avant tout comme une opération de « réparation » d'ordre médical, a également un but sexuel moins avoué, visant à modeler le corps féminin selon des fantasmes masculins, comme le montre le fait qu'une augmentation mammaire accompagne généralement la reconstruction chirurgicale. Si certaines femmes acceptent plus ou moins bien la reconstruction mammaire, d'autres la refusent, témoignant qu'il est possible d'être une femme avec ou sans seins. Ainsi, l'association Les Amazones s'exposent, ou encore l'artiste bulgare Boryana Rossa, affichent leur nouvelle identité d'Amazone, remettant en cause l'idée d'une féminité restreinte aux corps pourvus de seins. Consécutives à la mastectomie, les cicatrices, associées à la virilité, questionnent les codes corporels du genre. Le thème des cicatrices et des mutilations est au cœur du travail artistique de Sophie Ristelhueber, de Kai Widenhöfer, et de Kader Attia, celui-ci rendant compte « en images » de la manière spécifique dont les sociétés occidentales appréhendent la réparation par rapport aux autres sociétés. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
In our societies, given that breasts are considered an emblem of femininity, losing them is directly associated with losing one's femininity, and the masculinization of trans men who undergo mastectomies attests to this representation. For women with breast cancer and whose mastectomy is imposed rather than elective, breast «reconstruction», primarily presented as medical «repair» surgery, also has a sexual objective that is less often acknowledged, attempting to shape the female body according to male expectations, as seen in the fact that breast enlargement is often included in the surgical reconstruction. Although some women accept breast reconstruction to varying degrees, others reject it, illustrating that it is possible to be a woman with or without breasts. For example, the French association Les Amazones s'exposent (Amazons expose themselves) and Bulgarian artist Boryana Rossa highlight their new identity as Amazons, challenging the idea that femininity is limited to bodies with breasts. Post mastectomy, scars – associated with virility – call into question bodily codes of gender. Scars and mutilation are central to the art of Sophie Ristelhueber, Kai Widenhöfer, and Kader Attia; Attia's work is a pictorial description of the specific way in which repair is understood in western societies compared with other societies. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/droitcultures/6721 |