Titre | Le génie français d'Élie Halévy ? « La naissance du méthodisme » et l'historiographie socioreligieuse anglophone des années 1960 et 1970 | |
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Auteur | Géraldine Vaughan | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 695, juillet 2020 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 159-189 | |
Résumé |
« La nation anglaise est une nation de puritains », écrivait l'historien Élie Halévy (1870-1937) au début de son article « La naissance du méthodisme », paru à l'été 1906 dans La Revue de Paris. Cet article demeura longtemps assez confidentiel avant d'être redécouvert dans les années 1970 par l'historiographie anglophone. En tentant de comprendre pourquoi Halévy accorda tant d'importance à ce mouvement religieux du xviiie siècle – car, comme il l'écrivait dans ses notes de travail de 1904-1905, le « rôle de la renaissance protestante au xviiie siècle » fut fondamental « dans la formation du caractère anglais moderne », ce travail vise à pénétrer au cœur de l'entreprise halévyenne et à examiner la genèse de son travail sur l'esprit et l'histoire anglais des xviiie et xixe siècles. Cet article se propose donc d'abord de replonger dans la généalogie du travail d'Halévy, et ainsi tenter de cerner ce qui poussa cet anglophile libéral et dreyfusard à entreprendre, à partir de 1904, un travail de grande ampleur sur la secte méthodiste anglaise du xviiie siècle. Ensuite, il étudiera la réception de ce travail original, plus de soixante après, dans le milieu universitaire nord-américain (puisque le traducteur de ces articles était un historien américain) puis britannique. En effet, la pensée halévyenne vint nourrir le tournant des années 1960 dans l'historiographie religieuse britannique, c'est-à-dire le moment où cette historiographie se sécularisait en quelque sorte, en décloisonnant l'étude purement confessionnelle et en s'extrayant des biographies des grands meneurs religieux. La résonnance de ce regard français porté sur l'histoire britannique se poursuivit jusqu'à la fin des années 1970 et annonçait un autre tournant, celui de l'articulation entre la religiosité latente du peuple anglais et la conscience nationale britannique au dix-neuvième siècle. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
British and North American historians are familiar with the historical inquiry on late modern Britain written by the acclaimed French historian Élie Halévy (1870-1937) in the first half of the twentieth century. His unfinished History of the English People was translated into English from the late 1910s and widely circulated in English-speaking academic circles. Nevertheless, one of his articles entitled ‘The Birth of Methodism' which appeared in the periodical La Revue de Paris in 1906 remained little-known until it was translated by the American historian Bernard Semmel and published by University of Chicago Press in 1971. Actually, the ‘Birth of Methodism' article played a seminal role in the deployment of Halévy's historical thinking and in the (almost exclusive) interest he developed for English history during his career as a professional historian. Looking at his personal archives and at British and American historiography, this article thus offers to retrace the genealogy of Halévy's conception of Methodism and the role he ascribed to this Protestant sect in the making of British mentalités. It then sets to track Semmel's enterprise and its reception amongst American historians, the latter including Gertrud Himmelfarb, Melvin Richter and Robert K. Webb. ‘The Birth of Methodism' crossed the Atlantic back to Britain where it resonated with the contemporary development of Victorian religious studies as well as the works of left-wing historians Eric Hobsbawm and E. P. Thompson. It also intersected with soon-to-emerge preoccupations around the articulation of religiosity and British late modern identities. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_203_0159 |