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Titre Film phare – film fantôme : Le procès du Parti industriel en images et en sons (1930-2020)
Auteur Valérie Pozner, Anna Shapovalova
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 61, no 3-4, juillet-décembre 2020 Écritures visuelles, sonores et textuelles de la justice
Page 349-382
Résumé Le film de Jakov Posel´skij 13 jours – un des premiers films sonores soviétiques d'une longueur exceptionnelle d'environ deux heures – se voulait la pièce maîtresse d'une large campagne de mobilisation entourant le procès du Parti industriel (1930). Pourtant, contrairement à ses ambitions premières, le film n'a rencontré qu'un public réduit et même son intégrité matérielle n'a pas été sauvegardée jusqu'à nos jours. Plutôt qu'à un film-phare, 13 jours s'apparente à un film fantôme, pratiquement dès l'époque de sa production. L'article vise à interroger ce paradoxe apparent, en inscrivant son analyse à l'intersection de l'histoire du développement du cinéma documentaire soviétique et de celle des pratiques mobilisatrices du pouvoir. Si l'importance du procès pour la légitimation du pouvoir et de ses politiques préconise l'investissement de multiples acteurs dans la campagne, les milieux cinématographiques ont des raisons supplémentaires d'y prendre une part active. Outre l'opportunité de valoriser le rôle du cinéma dans le domaine de la propagande politique – et, partant, de justifier l'allocation de financements pour assurer la transition au cinéma sonore – il s'agit en effet de démontrer la loyauté des cinéastes dans un contexte où les répercussions de l'affaire du Parti industriel atteignent les milieux cinématographiques mêmes. L'article examine les différents aspects de ce film, le contexte précis de sa production, les acteurs impliqués, les conditions de sa diffusion et de sa réception et se penche sur les éléments conservés, en émettant des hypothèses sur l'état de son montage originel. Adjoints à une reconstruction du dispositif technique d'éclairage, de prise de vues et d'enregistrement, ces différents éléments permettent d'analyser les rapports qu'entretiennent le son et l'image, ce qu'ils disent du procès et du sens politique de cette captation. En remontant au plus près du moment de création, on peut alors mesurer les effets de distorsion induits par des montages plus récents qui se servent des archives visuelles et sonores pour servir d'autres discours.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Iakov Posel´skii's almost two-hour-long documentary 13 days was one of the first Soviet sound films. It was supposed to be the cornerstone of a large mobilization campaign launched on the occasion of the Industrial party trial (1930). However, despite such ambitions, the film audience was less than minimal, and the material integrity of the reels has not been preserved up to this day. Rather than becoming an iconic film, 13 days became more of a phantom film, and this from its first screenings. This seeming paradox is the focus of the article. The documentary is approached from the double perspective of the history of Soviet documentary film and the literature on popular mobilization practices in the USSR. As the Industrial party trial was viewed by the authorities as an important tool of their own legitimation, multiple actors were incited to take part in the mobilization campaign. On their part, filmmakers had some additional reasons to zealously contribute to the campaign. Not only did the trial present an opportunity to highlight the role of film in political propaganda – and thus to justify the demand for increased funding to ensure the transition to sound cinema – but also to prove filmmakers' loyalty to the regime as the trial had repercussions in this professional group as well. The article examines different facets of the film, the context of its shooting, the actors involved, as well as its distribution and reception. It also presents the still surviving footage and puts forward some hypotheses concerning the original form of the film. Together with the reconstruction of technical facilities, lighting, filming and audio recording, these elements allow us to analyse the interactions between sound and images, what they tell us about the trial and about the political meaning of the original shooting. On this basis, it becomes possible to measure the distortion effects produced by later editing as visual and sound archives were used to underpin a different discourse.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_613_0349