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Titre Les faux semblables de l'apprentissage
Auteur Gilles Moreau
Mir@bel Revue Travail, genres et société
Numéro no 3, 2000 Le genre masculin n'est pas neutre
Rubrique / Thématique
Dossier  : Le genre masculin n'est pas neutre
Page 67-86
Résumé La structure sexuée des métiers, et en amont celle des formations, laisse à penser que les différenciations entre les trajectoires d'insertion professionnelles masculines et féminines relèvent essentiellement de l'organisation du marché du travail. Cette idée, sans nul doute indispensable, se garde néanmoins de toute réflexion sur ce que signifie le fait d'apprendre un métier. L'exemple de l'apprentissage en entreprise, secteur où le cloisonnement des sexes est fortement établi, montre qu'existent, au-delà de la structure sexuée des métiers, des structures mentales qui façonnent profondément le rapport à l'apprentissage d'un métier. Ainsi les filles apprenties sont-elles prioritairement tournées vers l'accès au métier et au savoir-faire, alors que les garçons s'inscrivent d'emblée dans une relation salariale, minimisant ainsi l'importance de la formation. Le fait que ces structures mentales socialisées perdurent dans le cas des apprentis atypiques (c'est-à-dire formés dans des spécialités dominées par l'autre sexe) montre combien elles sont intériorisées et qu'il ne suffit pas que femmes et hommes ne soient pas en concurrence directe sur le marché du travail pour que ces derniers puissent afficher une bienveillante neutralité.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The gendered structure of jobs, and, upstream, of education, suggests that the differentiation of male and female professional insertion processes is linked primarily with the organizing of the labor market. This idea, although undoubtedly indispensable, does not address the question of what it means to learn a job. The example of in-company apprenticeship, a sector in which the gender division is firmly established, shows that beyond the gendered structure of jobs, mental structures exist that deeply shape the way a job is learned. Thus female apprentices tend to look for access to a job and know-how, whereas male apprentices are immediately inserted in a wage-earning relationship, thus minimizing the importance of training. That these socialized mental structures endure even in the case of atypical apprenticeships (i.e. in fields dominated by the oppposite gender) shows how much they are internalized. It also demonstrates that the absence of direct competition between women and men on the labor market is not enough for the latter to display a benevolent neutrality.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_003_0067