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Titre États-Unis. Grand Miroir
Auteur Bertrand Levergeois
Mir@bel Revue Humanisme
Numéro no 281, juin 2008 États-Unis. Grand Miroir
Rubrique / Thématique
Dossier. États-Unis. Grand Miroir
Page 29-30
Résumé La célèbre phrase d'Herman Melville résume-t-elle tous les États-Unis ? À la fois son histoire, ses erreurs et sa gloire ? De ce côté-ci de l'Atlantique, on s'en étonne encore mais à la base de la vocation universelle des États-Unis il y a Dieu. In God they trust. Une manière messianique qui trouve son pendant en France, le soutien des religions en moins. Raison sans doute de notre éternel dialogue avec ce Grand Miroir que sont pour nous, et peut-être pour tous, les États-Unis. Miroir qui déforme, semble-t-il, nos propres aspirations, qui ne renvoie qu'une vision toujours surdimensionnée de l'Homme. L'Homme enrichi par Dieu, l'Homme triomphant du Mal par Dieu, l'Homme à la conquête des étoiles comme si, encore une fois, Dieu le tenait par la main. Comment, dès lors, ne pas tenter de comprendre de quoi est fait ce Grand Miroir ? D'autant que si l'on en croit le Frère Churchill, « les Américains essaient toujours ce qui convient le mieux après avoir essayé tout le reste »… Tant mieux : comme l'a dit Gilles Deleuze : « On ne peut vraiment compter que sur les gens qui ne sont pas fiables. » Se méfier du prévisible, cette Tyrannie. Se fier à Bartleby, le scribe inventé par Melville comme une invitation à résister toujours, y compris à soi-même. Oui décidément, que chacun n'ait pas peur d'être ainsi américain en répétant : « J'aimerais mieux pas. » D'autant que les rengaines de l'actualité sont autant de Sirènes entonnant leur chant de la Célébrité et de la Domestication. Et si les États-Unis, imperceptiblement, luttaient, contre toute apparence et contre toute attente, contre la Servitude universelle ? Voilà qui, finalement, nous transporterait, de ce côté-ci de l'Atlantique. À condition, bien sûr, de ne pas se livrer aveuglément aux illusions de la Maîtrise. Aussi un état des lieux s'impose-t-il pour éclairer ce qu'obscurcit l'ombre portée par la statue du Frère Bartholdi. Car l'Impuissance peut aussi se travestir en Liberté et nous rejouer l'air du flûtiste de Hamelin. Petit Poucet, ramassons une à une les pierres posées sur le chemin par les collaborateurs de ce nouveau dossier. Qui sait, elles pourraient bien nous conduire hors du Dédale, au bras d'Ariane.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HUMA_281_0029