Contenu de l'article

Titre Les matériaux de la vie
Auteur Tim Ingold
Mir@bel Revue Socio-anthropologie
Numéro no 35, 2017 Matières à former
Rubrique / Thématique
Dossier : Matières à former
Page 23-43
Résumé Il est bizarre que la culture matérielle des cuisines porte généralement uniquement sur les casseroles, les fait-tout et les cuillères, en excluant presque toujours la soupe. Pour résumer, l'attention se concentre sur les objets plutôt que sur les matériaux. Pourtant, en y réfléchissant bien, il ne s'agit pas d'une division entre tout ce que nous trouvons en cuisine : d'un côté les objets, de l'autre les matériaux. C'est plutôt une différence de perspective. Les ménagères pensent peut-être les casseroles et les fait-tout comme objets, tout au moins jusqu'au moment où elles commencent à cuisiner, mais les ferrailleurs les pensent comme morceaux de matériaux. Avoir une lecture longitudinale de la fabrication comme une rencontre de forces et de matériaux revient à considérer la fabrication comme un processus de production de forme – un processus morphogénétique. Ce qui permet d'atténuer toute distinction que nous pourrions faire entre un organisme vivant et un artefact. Car si un organisme se développe, il en va de même pour les artefacts. Ce qui varie, entre autres choses, c'est l'étendue de l'implication humaine dans la production de forme : mais cette variation est une question de degré, et non pas de nature.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais What is odd is that studies of the material culture of kitchens have generally concentrated on pots and pans, and spoons, to the virtual exclusion of the soup. The focus, in short, has been on objects rather than materials. Yet on second thoughts, this is not a division between what we find in the kitchen: objects here; materials there. It is rather a difference of perspective. Householders might think of pots and pans as objects, at least until they start to cook, but for the dealer in scrap metal, they are lumps of material. To read making longitudinally, as a confluence of forces and materials, rather than laterally, as a transposition from image to object, is to regard it as such a form-generating —or morphogenetic— process. This is to soften any distinction we might draw between organism and artefact. For if organisms grow, so too do artefacts. And if artefacts are made, so too are organisms. What varies, among countless other things, is the extent of human involvement in the generation of form : but this variation is one of degree, not kind.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/2519