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Titre Les limbes de la dette : Crise économique et mouvements sociaux : des banquiers de Wall Street aux militants espagnols
Auteur Quentin Ravelli
Mir@bel Revue Revue Française de Sociologie
Numéro vol 61, no 4, octobre-décembre 2020 Mondes militants, mondes économiques. Contestations, frontières et coopérations
Rubrique / Thématique
Dossier. Mondes militants, mondes économiques. Contestations, frontières et coopérations
Page 641-671
Annexes Graphiques
Mots-clés (matière)association banque contestation crédit crise économique déréglementation endettement marché financier militantisme mouvement social situation financière
Mots-clés (géographie)Espagne
Résumé Quand les dettes sont remboursées et qu'elles ne concernent que quelques groupes sociaux, elles peuvent jouer un rôle de maintien de l'ordre social et ouvrir des perspectives d'ascension sociale. Mais quand elles dépassent les salaires et se généralisent, elles aiguisent au contraire la contestation, comme c'est le cas depuis la grande crise de 2008 dans de nombreux pays. Après une longue mutation des métiers de la finance, initiée dans les années 1980 aux États-Unis par les grandes banques de Wall Street, la technologie de la titrisation a transformé les dettes populaires en produits financiers rentables, liquides, négociables sur les marchés internationaux. Désormais produite à une échelle de masse, cette dette-marchandise devient un enjeu militant de premier plan, en particulier en Espagne, autour de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca (pah) : les dettes titrisées y font l'objet de larges recompositions militantes, inédites, où convergent les membres actifs d'associations de consommateurs, de l'aide aux immigrés, du droit au logement, de partis politiques et de syndicats. Pour répondre à la désorientation et à la colère des familles égarées dans les « limbes » de la dette, les parcours militants s'infléchissent, se forment aux technologies financières et font évoluer leurs méthodes de contestation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais As long as debts are repaid and only involve particular social groups, they can help maintain the social order and generate prospects of upward social mobility. But when they exceed debtors' wages and become a general issue, they exacerbate contentiousness, as happened after the financial crisis of 2008 in several countries. Following the long process of change in the financial professions initiated by the major Wall Street banks in the 1980s, securitization technology transformed working-class debt into profitable, liquid financial products that could be traded on international markets. Now produced on a mass scale, debt as trading commodity has become a high-profile activist issue, particularly in Spain, in connection with the Plataforma de Afectados por la Hipoteca (pah). In the activist world, a world in which members of consumer associations, immigrant assistance associations, housing rights associations, political parties, and unions converge, securitized debt has brought about unprecedented, widespread rearrangements. In response to the disorientation and anger of families who find themselves in the “limbo” of debt, activist trajectories have changed course: activists have acquired training in financial technologies and changed their contestation methods.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFS_614_0641