Contenu de l'article

Titre Comment une entreprise répond à ses critiques ? : Une analyse longitudinale du cas Household Finance aux États-Unis, 1910-1941
Auteur Simon Bittmann
Mir@bel Revue Revue Française de Sociologie
Numéro vol 61, no 4, octobre-décembre 2020 Mondes militants, mondes économiques. Contestations, frontières et coopérations
Rubrique / Thématique
Dossier. Mondes militants, mondes économiques. Contestations, frontières et coopérations
Page 673-700
Annexes Graphiques
Mots-clés (matière)classe moyenne communication consommation crédit crise financière critique emprunt endettement entreprise histoire des faits économiques mode de vie problèmes sociaux récession économique régulation salarié
Mots-clés (géographie)Etats Unis
Résumé Cet article étudie l'évolution des rapports à la critique d'une grande entreprise de crédit aux États-Unis, entre 1910 et 1941. Au début du xxe siècle, le développement des prêts sur salaire avive le spectre d'un asservissement financier des travailleurs, et le groupe Household Finance Corporation devient la cible d'attaques portées par des mobilisations réformatrices. À partir d'archives de l'entreprise et de la fondation philanthropique Russell Sage, nous étudions la manière dont l'entreprise tente d'entrer en résonnance avec une frange modérée de la critique du capitalisme industriel, portée par des élites ouvertes à la collaboration avec les acteurs privés. Initialement le produit des pressions médiatiques et judiciaires exercées sur les activités marchandes, la participation des prêteurs au processus de régulation permet ensuite une capture de la critique morale, sur laquelle l'entreprise s'appuie dans les années 1920 afin d'éradiquer des prêteurs concurrents. Enfin, la crise des années 1930 produit une recomposition brutale de cet environnement institutionnel : tirant parti du rôle attribué au crédit dans la relance de l'économie, l'entreprise affirme soutenir le pouvoir d'achat des classes moyennes lors du New Deal, s'associant à certains mouvements de consommatrices. Cet article souligne ainsi l'effet des dynamiques inter-organisationnelles et leurs évolutions, observées au sein d'un champ, sur les stratégies d'endogénéisation déployées afin de légitimer une activité marchande jugée prédatrice.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais How did the responses to criticism of a major American lending company, the Household Finance Corporation, evolve between 1910 and 1940? In the early twentieth century, the rise of salary loans fanned fears of workers' financial enslavement, and the Household Finance Corporation was attacked by Progressive reformers intent on reform. Drawing on the company's own archives and material from the Russell Sage Foundation, this article examines how the company initially attempted to make its discourse compatible with a moderate critique of industrial capitalism, carried by a group of elites opened to cooperation with private actors. The participation of lenders in the regulatory process—doing so initially in response to media and legal pressure on market activities—enabled a form of moral capture, instrumentalized by the company in the 1920s to eliminate its competitors. The 1930s economic crisis, which followed the stock market crash, abruptly reordered this instititutional environment. As credit become central to economic recovery, the company claimed to support middle-class purchasing power and began to associate with consumer organizations during the New Deal. This article highlights the effect of field-level inter-organizational dynamics on firms' endogenization strategies, in order to legitimize market activities perceived as predatory.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFS_614_0673