Contenu de l'article

Titre La République socialiste du Vietnam et le don diasporique
Auteur Christophe Vigne
Mir@bel Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est
Numéro no 37, 2021 Transferts non marchands en Asie du Sud-Est et au-delà
Rubrique / Thématique
Articles
Page 165-191
Résumé Les transferts qui relèvent de l'entraide sont très développés au sein de la société vietnamienne. Ils s'effectuent non seulement à l'intérieur des frontières nationales mais également au-delà. Les Vietnamiens de la diaspora sont tournés vers la terre de leurs ancêtres où ils ont des attaches familiales, sentimentales et culturelles. Que ce soit par obligation morale, intérêt personnel, geste de reconnaissance, patriotisme ou expression de sentiments, la plupart envoient des cadeaux et des devises (remises monétaires et investissements) à leur pays natal. Au cours de la décennie d'après-guerre (1975-1985), le don diasporique s'exprimait essentiellement par l'envoi de colis destinés à améliorer les conditions de vie de ses récipiendaires alors en proie à l'extrême pauvreté. Les années suivantes, l'ouverture du Vietnam à la mondialisation donnait lieu à une diversification des formes de dons transitant désormais par une multitude de flux financiers et exprimant une diversité de transferts non marchands. D'abord entravée par des principes idéologiques, la République socialiste du Vietnam (RSV) pris des mesures pragmatiques visant à associer le don diasporique à ses desseins économiques et à sa construction nationale. Elle s'immisce ainsi dans les réseaux interpersonnels et les logiques sociales complexes constituant le don en lui octroyant une dimension politique. En analysant la polyvalence du don diasporique et ses évolutions, cet article montre comment ces transferts dépassent la seule sphère économique pour façonner les imaginaires, redéfinir les rapports entre donateurs et récipiendaires, et témoigner de l'ambiguïté des relations entre le l'État-parti et la diaspora.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Aid transfers are highly developed in Vietnamese society. They take place not only within national borders but also abroad. The Vietnamese in the diaspora look towards their homeland where they have family and cultural ties. Whether out of moral obligation, self-interest, recognition or patriotism, most send gifts and currency (remittances and investments) homewards. In the post-war decade (1975-1985), diasporic generosity mainly worked by sending packets to improve the recipients' standard of living, who were back then plagued by extreme poverty. In the following years, Vietnam's opening up to globalization led to diversified generosity channels, mostly financial transfers. Initially obstructed by ideological principles, the Socialist Republic of Vietnam (SRV) engaged with the diaspora to channel their generosity towards its economic goals and nation-building. It thus interfered with personal networks and the complex social logic that structures the gifting culture in order to give it a political dimension. By analysing the diversity and complexity of the gifting culture and its evolutions, this article shows how these transfers go beyond the sole economic sphere but actually shape the imagination, redefine the relationship between the gifting and the gifted, and sheds light onto the ambiguity of party-state and diaspora relations.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/moussons/7533