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Titre Objets captifs : Les artefacts catholiques en Méditerranée au début de l'époque moderne
Auteur Daniel Hershenzon, Antoine Heudre
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 76, no 2, avril-juin 2021 Méditerranées - Antiquités du Nouveau Monde - Pouvoirs et justice
Rubrique / Thématique
Méditerranées
Page 269-299
Résumé Les objets de dévotion catholique – images et effigies du Christ, de la Vierge et des saints, missels, rosaires, crucifix et objets liturgiques – ont circulé par milliers dans la Méditerranée occidentale à l'époque moderne. Pour une large part, cette mobilité a été une conséquence indirecte de la piraterie et de la traite d'êtres humains qui interconnectaient les territoires méditerranéens de l'Espagne, du Maroc et de la régence ottomane d'Alger. Le moment de rupture que constitue la captivité a conféré à ces objets aux caractéristiques très différentes une trajectoire commune, rendant ainsi pertinent leur regroupement sous une même catégorie. L'article soutient que les artefacts catholiques ont joué un rôle prépondérant dans l'expérience des captifs catholiques, des renégats et de leurs maîtres musulmans tout autant que dans l'économie de la rançon qui a permis le rachat des captifs. À contre-pied des intentions de leurs concepteurs initiaux, ces objets ont fourni aux captifs, aux convertis et aux maîtres des ressources inattendues participant à brouiller la frontière religieuse et ont créé de nouveaux enchevêtrements entre les membres de ces trois groupes et la matérialité catholique. L'argument est développé en trois étapes. Tout d'abord, l'article affirme que l'augmentation du nombre de captifs après la trêve hispano-ottomane de 1581 a entraîné une augmentation du nombre d'objets de dévotion envoyés depuis l'Espagne aux catholiques retenus en captivité au Maghreb. Il affirme ensuite que certains de ces objets ont fini par bénéficier aux convertis à l'islam, tandis que les dirigeants algériens et marocains en ont pillé d'autres. Enfin, l'article souligne que le pillage et la réutilisation de ces objets ont conféré aux captifs la capacité de racheter un emblème de leur dieu, ont offert aux Trinitaires et aux Mercédaires l'opportunité de parfaire leur réputation en rançonnant des objets sacrés et ont permis aux dirigeants maghrébins de garantir les privilèges religieux de leurs propres sujets asservis en Espagne. L'accent mis sur la mobilité de ces objets montre à quel point les objets de dévotion catholique ont continué à articuler les relations sociales, politiques et économiques en Méditerranée occidentale au cours du long XVIIe siècle.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Catholic artifacts—images and sculptures of Christ, the Virgin, and various saints, as well as rosaries, crucifixes, and liturgical objects—circulated in their thousands throughout the early modern western Mediterranean. This mobility was largely an indirect byproduct of privateering and human trafficking, which intertwined Spain's Mediterranean territories, Morocco, and Ottoman Algiers. The disruptive moment of captivity set these otherwise disparate objects on common trajectories, making it interesting to study them as a category. The article argues that Catholic artifacts played surprising roles in the experience of Catholic captives, renegades, and their Muslim masters as well as in the economy of ransom that facilitated the rescue of captives. Against the design of their initial distributors, such objects provided captives, converts, and masters with unexpected affordances, and in so doing helped blur the religious boundary and created new entanglements between members of these groups and Catholic materiality. The argument is developed in three stages. First, the article claims that the surge in captivity following the Spanish-Ottoman truce of 1581 meant that more devotional objects were sent from Spain to Catholics held captive in the Maghrib. Second, it asserts that some of these artifacts ended up serving converts to Islam, while others were plundered by Algerian and Moroccan rulers. Third, the article contends that plunder and repurposing afforded captives the power to redeem an emblem of their God, provided Trinitarians and Mercedarians with opportunities to ransom objects and gain fame back home, and served Maghrebi rulers to secure religious privileges for their subjects enslaved in Spain. Focusing on their mobility demonstrates the degree to which Catholic objects continued to articulate and mediate social, political, and economic relations in the western Mediterranean over the long seventeenth century.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_762_0269 (accès réservé)