Titre | « Morts ou vifs » : Réflexions sur le travail avec les jeunes délinquants | |
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Auteur | Philippe Chaillou | |
Revue | Les cahiers de la justice | |
Numéro | no 4, 2021/4 La justice de l'intime | |
Rubrique / Thématique | Chroniques |
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Page | 691-700 | |
Résumé |
Ces réflexions sur le travail avec les jeunes délinquants sont le fruit de l'expérience d'un homme qui a été, à la fois magistrat spécialisé dans les affaires de mineurs pendant plus de 30 ans, puis aujourd'hui psychanalyste, écoutant des équipes d'éducateurs prenant en charge des jeunes confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance ou à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Elles soutiennent que les jeunes délinquants, en raison des ruptures symboliques subies par leurs parents ou même par les générations d'avant, ont fait l'objet d'un vœu de mort inconscient de la part de leurs géniteurs. Ainsi, inconsciemment et n'en voulant rien savoir, le jeune délinquant s'adresse, par ses actes délinquants symptomatiques, à la justice comme un fils mort pour assurer la vengeance de ce désir de mort de ses parents, pour se faire rendre justice d'une injustice originaire dont il a été l'objet. Or, si la société et son surmoi social ne veulent rien savoir non plus de ce processus inconscient, le résultat en est catastrophique, car le passage à l'acte est si inconsciemment justicier que son jugement et la condamnation qui s'ensuivent n'apportent encore que plus d'eau au moulin du sentiment inconscient d'injustice de son auteur. Pourtant, il n'y a pas de fatalité de la délinquance car, de notre position, nous sommes toujours responsables. Le jeune délinquant peut ainsi obliquer, remanier ses relations à autrui. Faut-il pour cela que les professionnels ne confondent pas le symptôme et la raison du symptôme et portent sur chaque jeune délinquant, dans sa singularité, un autre regard, cette fois porteur de vie, plutôt que de mort. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
These reflections on work with juvenile delinquents are the fruit of the experience of a man who was both a judge specialising in juvenile affairs for over 30 years, and now a psychoanalyst who worked with teams of youth support workers taking care of minors entrusted to child welfare services or the Judicial Juvenile Protection service (PJJ). They maintain that juvenile delinquents, as a result of the symbolic breakdowns suffered by their parents or even earlier generations, are subject to an unconscious death wish imposed by their genitors. In this way, unconsciously and without any desire for enlightenment, young delinquents, through their symptomatic delinquent acts, target the justice system like dead sons in order to take revenge for their parents' death wish, and to seek justice for the original injustice inflicted upon them. And if society and its social superego also turn a blind eye to this unconscious process, the result will be catastrophic, for the commission of offences is an unconscious cry for justice, and the judgment and punishment of those offences does nothing more than add to their perpetrators' unconscious feelings of injustice. And yet, delinquency is not a foregone conclusion, since we are also responsible for our position. This means that juvenile delinquents have the opportunity to reorient or reformulate their relationships with others. However, this requires professionals to refrain from confusing the symptom with the reason for the symptom and to embrace a different perception of juvenile delinquents, in all their singularity - a perception embodying life rather than death. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CDLJ_2104_0691 |