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Titre Réconciliation nationale et compensation en Algérie et au Maroc
Auteur Yazid Ben Hounet
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 26, 2021 Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ?
Rubrique / Thématique
Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ? La justice transitionnelle comme passage « d'une histoire dans une autre »
Page 59-75
Résumé L'Algérie et le Maroc ont mis en place au début de ce XXIe siècle, des politiques affichées de « réconciliation ». L'Algérie, après sa politique de la clémence (1995) et sa concorde civile (1999), a mis en œuvre, à la suite d'un référendum (2005), les mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ; politique ultime, à ce jour, pour solder les comptes d'une décennie meurtrière (années 1990) opposant l'État et les groupes islamiques armés. Au Maroc, un comité d'arbitrage (1999), puis l'Instance équité et réconciliation (2004) ont été installés pour tourner la page de la période des « années de plomb » (règne de Hassan II) pendant laquelle ont été commis des crimes d'État (tortures, emprisonnements, assassinats, etc.). Au centre de ces mécanismes de réconciliation, se trouve une pratique : la compensation (monétaire) pour les crimes perpétrés. Celle-ci a été très peu étudiée. Dans cet article, j'explique pourquoi, m'intéressant aux politiques de réconciliation nationale en Algérie et au Maroc, j'en suis venu à consacrer mon analyse à l'acte compensatoire. L'idée que je développe est que la compensation demeure en Afrique du Nord une pratique centrale des mécanismes de réconciliation, notamment pour des raisons normatives, sociales et culturelles, mais elle n'apparaît plus suffisante, en soi, parce que la vision de la personne, de la souffrance et du trauma a profondément changé. La compensation, en elle seule, échoue à intégrer les attentes de réparations, telles qu'elles sont de plus en plus promues, ici comme ailleurs ; c'est- à-dire davantage centrées sur la « condition de victime » (Rechtman, 2011).
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/anneemaghreb/9970