Titre | L'Algérie « post-décennie noire » : de l'imposition de l'impunité à la revendication d'une justice transitionnelle | |
---|---|---|
Auteur | Morgane Jouaret | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | no 26, 2021 Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ? | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ? La justice transitionnelle comme passage « d'une histoire dans une autre » |
|
Page | 77-96 | |
Résumé |
Cette contribution propose de regarder rétrospectivement le processus de « réconciliation nationale » après la décennie noire en Algérie (1992-1999) afin d'analyser la co-construction des récits mémoriaux par des acteurs institutionnels et associatifs. Pour le pouvoir politique, l'urgence de ramener la paix s'est imposée face aux aspirations d'une partie de la société civile, principalement les victimes et leurs proches, organisés en associations et engagés dans une logique de vérité et de justice. Cet article propose d'analyser six « temps » de la politique de réconciliation nationale afin de mettre en avant la co-construction du processus de justice, à la fois par l'État et par les associations locales de victimes. D'un côté, la justice pénale nationale a entrepris de résorber la violence en démobilisant les combattants engagés dans les groupes islamistes armés (1995-1999) et de prononcer verticalement la « réconciliation nationale » (2006). De l'autre, les associations locales de victimes ont internationalisé leurs revendications et mobilisé des outils de la justice transitionnelle et restauratrice afin de faire émerger un « contre-récit » de la guerre. Cette réflexion s'appuie sur plusieurs terrains de recherche ethnographique menés à Alger et Oran entre 2015 et 2019 ainsi que sur l'analyse de textes juridiques (les lois de 1995, 1999, 2006) et de rapports publiés sur internet par des associations et ONG (CFDA, SOS Disparus, Algeria Watch). L'analyse rétrospective de l'hybridation du processus de « réconciliation nationale » donne à voir la confrontation des références au passé. Les modalités juridiques et judiciaires qui ont permis l'arrêt des violences ont durablement compromis la construction d'un récit national auquel adhéreraient les différentes catégories d'acteurs aux prises avec les antagonismes du passé. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | http://journals.openedition.org/anneemaghreb/10017 |