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Titre La politique nationale de réconciliation et de relocalisation des populations déplacées dans le Liban d'après-guerre
Auteur Dima de Clerck
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 26, 2021 Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ?
Rubrique / Thématique
Dossier : Violences du passé, politique(s) au présent ? La justice transitionnelle comme passage « d'une histoire dans une autre »
Page 119-140
Résumé La Guerre du Liban, longue de 16 ans, a été, dans de nombreuses régions du pays, l'occasion d'un « nettoyage confessionnel », qui a engendré d'importants déplacements de population. Ces déplacements ont profondément affecté la société et l'économie libanaises. La répartition démographique nationale a été modifiée, de nombreux villages ont été vidés de leurs habitants et de nombreuses régions et des secteurs de l'économie sont restés sous-développés. Pour que les populations déplacées reprennent leur vie dans leurs localités d'origine à la fin de la guerre, dans un contexte d'amnistie quasi générale, il était nécessaire de développer une stratégie nationale de relocalisation (SNR). Une telle politique à l'échelle nationale ne pouvait être élaborée et mise en œuvre que par l'État, car elle nécessitait des ressources financières importantes, une législation spécifique et des mesures de sécurité. Un ministère et un fonds pour les déplacés ont été créés en 1992 pour assurer le retour de toutes les personnes déplacées au Liban. La SNR a dû être étoffée d'une étape supplémentaire pour les villages du sud du Mont Liban, qui avaient été le théâtre de massacres en 1983. Il s'agit d'un processus de réconciliation dont l'objectif était d'endiguer toute violence vindicative entre chrétiens et druzes. Trente ans après son lancement, le processus n'a pas atteint ses objectifs. Les ressources du Ministère des déplacés ont été utilisées à des fins politiques et électorales. Une logique communautaire a dilué la responsabilité individuelle dans l'ensemble plus large qu'est le groupe confessionnel et contribué à consolider le système communautaire et alimenter les luttes de pouvoir au niveau national. En outre, le processus laissait peu de place au deuil personnel des victimes. Cet article examine l'échec de la politique de réconciliation de l'État libanais à encourager les populations déplacées à retourner dans leurs villages d'origine et à promouvoir une pacification durable.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/anneemaghreb/10112