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Titre La santé au travail au secours de l'action syndicale ? Retour sur la « sanitarisation » d'un répertoire d'action militant
Auteur Rémy Ponge
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 34, no 135, 2021 Réformes managériales et mobilisations professionnelles
Rubrique / Thématique
Varia
Page 137-162
Résumé De nombreuses explications ont été avancées pour rendre compte de la visibilité croissante des souffrances psychiques du travail (stress, burn-out, risques psychosociaux, etc.) dans l'espace public : « psychologisation » du social, recomposition des maux du travail, construction d'un problème public par des acteurs mobilisés, etc. Cet article s'intéresse au rôle des organisations syndicales et explore la piste d'une « sanitarisation » de l'action syndicale. Il interroge ainsi ce que la place croissante du thème des souffrances du travail dans le discours et les pratiques des organisations syndicales nous dit des transformations contemporaines du syndicalisme et de son rôle dans la politisation des enjeux du monde du travail. Articulant matériaux d'archives et entretiens, nous analysons les pratiques des acteurs en charge des questions de santé au travail au sein des directions des deux principales centrales syndicales françaises, la CFDT et la CGT, des années 1990 à aujourd'hui. Nous montrons que s'il s'est d'abord agi pour les directions syndicales, particulièrement la CGT, d'apporter une réponse à un problème social fortement publicisé, la mise à l'agenda des souffrances au travail est étroitement liée aux rapprochements entre des acteurs des champs syndical et scientifique d'une part et, d'autre part, aux difficultés croissantes des syndicalistes face aux directions d'entreprise. Dans un contexte de faible syndicalisation et de difficile recours aux outils de l'action collective (grèves, arrêts de travail), les directions syndicales tentent, à partir des enjeux de santé au travail, d'aider leurs militant·es à reprendre la main sur des questions classiques touchant au partage du pouvoir dans l'entreprise. Cette dynamique de sanitarisation n'est cependant pas univoque et reste fortement dépendante des enjeux propres au champ syndical et des acteurs qui y interviennent.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Several theories have tried to explain the growing visibility of psychological suffering in the workplace (stress, burnout, psychosocial risks, etc.): the “psychologization” of society, the evolution of work and occupational risks, the construction of a public problem, etc. This article looks at the possible “sanitization” of trade union action, i.e., the growing importance of the theme of work-related suffering in the discourse and practices of trade unions. It examines what this says about the current transformations of trade unionism and its role in the politicization of labor issues. We look at the French union directorates' technical advisers in charge of working conditions since the 1990s. We show that the CGT, in particular, primarily wanted to address a highly publicized social problem. Nevertheless, their interest in this subject was also closely linked to their reconciliation with a number of social scientists on the one hand, and to the declining power of trade unions on the other hand. In a context of poor unionization and growing difficulty for collective action (strikes, work stoppages), the trade union leaderships are trying, with occupational health, to help their activists regain control over perennial questions, like the distribution of power in the workplace.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_135_0137