Titre | Les stigmates de la vertu : Légitimer la diversité en entreprise, à New York et à Paris | |
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Auteur | Laure Bereni | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 241, mars 2022 Moraliser le capitalisme ? | |
Résumé |
À partir d'une enquête auprès de managers de la diversité dans les régions de New York et de Paris, cet article prend pour objet les formes de légitimation de la diversité dans les grandes entreprises. Il montre à quel point la diversité demeure une catégorie ambivalente, simultanément inscrite dans l'univers gestionnaire et suspectée d'y introduire des éléments hétéronomes. À New York comme à Paris, la légitimation de la diversité repose sur des arrangements organisationnels qui contribuent à euphémiser ses connotations politiques indésirables (sa proximité avec des discours critiques, son association à des conflits de valeurs, ses liens avec des injonctions de puissance publique, et même son orientation civique). Les efforts organisationnels de dépolitisation de la diversité diffèrent toutefois dans les deux contextes. Aux États-Unis, ils se traduisent par l'affirmation d'une stricte frontière fonctionnelle entre respect du droit anti-discriminatoire et management de la diversité, et par la mise en scène quotidienne de la contribution de la diversité au profit immédiatement mesurable. Sur le terrain français, la dépolitisation de la diversité s'appuie plutôt sur les attributs des responsables diversité (non-spécialisation, blanchité, masculinité), qui signalent leur distance aux visions partielles et partiales de la diversité. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Drawing on a study of corporate diversity offices in the regions of New York and Paris, this article examines how diversity management is legitimized within large corporations. It shows that diversity remains a highly ambivalent category, at once embedded in the management sphere while suspected of smuggling external, heteronomous claims. Both in New York and Paris, the legitimation of diversity rests on organizational arrangements which tend to euphemize its undesirable political undertones (i.e., its proximity with critical claims, its entanglement with conflicts of values, its links with law and public policy, and even its civic dimension). Yet, organizational efforts to depoliticize diversity differ across the two national settings. In New York, the legitimation of corporate diversity relies on a strict functional boundary between anti-discrimination compliance and diversity management, as well as the routine performance of the alignment with immediate, measurable profit. By contrast, on the French side, it relies on the characteristics of diversity managers themselves (non-specialization, whiteness, masculinity), which signal their distancing from partial and biased conceptions of diversity. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_241_0036 (accès réservé) |