Titre | Grandir aux frontières, grandir sans frontières ? Les effets socialisateurs de la mobilité transfrontalière | |
---|---|---|
Auteur | Garance Clément | |
Revue | Espaces et Sociétés | |
Numéro | no 184-185, 2022/1-2 Mobilités et socialisations | |
Rubrique / Thématique | I - Mobilités et socialisations |
|
Page | 165-180 | |
Résumé |
Dans cet article, nous nous demandons dans quelle mesure les mobilités transfrontalières enfantines et juvéniles façonnent les rapports pratiques à l'État. Pour cela, nous nous appuyons sur les récits d'adultes ayant grandi dans le Nord de la France à différentes époques. Nous commençons par décrire l'espace des pratiques transfrontalières franco-belge et ses transformations historiques. Cela nous permet d'identifier comment la génération, le milieu d'origine et la structure familiale disposent différemment les individus au passage de la frontière. Nous montrons ensuite de quelle manière douanes, législation, fiscalité, prix et commerces spécialisés constituent un système de repères symboliques et matériels à travers lesquels les jeunes font l'apprentissage des formes variables prises par les institutions étatiques à proximité des frontières à différentes époques. Si la présence physique des institutions diminue avec le temps, la réalité de l'État se rappelle de diverses manières et se heurte parfois aux illusions nourries par les pratiques du quotidien, notamment lorsqu'il s'agit d'envisager une migration à plus long terme. Finalement, l'article montre que si les mobilités transfrontalières peuvent dans certains cas faire oublier le rôle de l'État dans l'encadrement des déplacements, elles ne sauraient doter à elles seules les individus d'un « habitus transnational ». En réalité, les jeunes nés à proximité des frontières grandissent moins sans frontière qu'avec la frontière. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
In this article, I investigate the extent to which cross-border mobilities during childhood and youth shape practical relations to the state. To do so, I draw on the narratives of adults who grew up in Northern France at different periods. I begin by describing the space of Franco-Belgian cross-border practices and its historical transformations. This enables me to identify how generation, social background and family structure lead individuals to adopt different cross-border practices. I then show how customs, legislation, taxation, prices and specialised shops constitute a system of symbolic and material signs through which young people learn about the varying forms adopted by state institutions in the vicinity of borders at different times. While the material presence of institutions diminishes over time, the reality of the state is recalled in various ways and sometimes clashes with the illusions nourished by everyday practices, particularly when it comes to considering longer-term migration. Finally, the article shows that while cross-border mobility may in some cases make people forget about the state's role in controlling movements, it cannot in itself endow individuals with a transnational habitus. In fact, young people born near borders grow up less without borders than with the border. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ESP_184_0165 |